La prestation d'Anderson .Paak était à peine conclue que le groupe anglais Arctic Monkeys prenait le relais dans une ambiance caniculaire. Noir de monde dans l'aire principale d'Osheaga, foule compacte et fervente pour un programme rock de haute tenue. Un décompte de 10, et nous quittions hier la Californie pour le Royaume-Uni !

À quel prix ?

Force est d'observer que l'album Tranquility Base Hotel and Casino, encore frais sur les étals, a déstabilisé une part congrue des fans. Pour ses élans conceptuels, pour ses emprunts space rock ou jazzy lounge, pour ses évocations gainsbouriennes, bowiennes, walkeriennes et plus encore, il s'en trouve pour juger cet opus maniéré. Trop loin de l'essence rock à laquelle carbure normalement Arctic Monkeys. Vraiment ?

Qu'à cela ne tienne, son concepteur principal a soigneusement adapté la nouvelle matière au son rock chéri par la majorité.

Ainsi, on aura eu droit à un mélange intégré de chansons tirées de toutes les époques du groupe. Entre autres au programme, Four Out of Five, Do I Wanna Know?, I Bet You Look Good on the Dance Floor, Cornerstone, Tranquility Base Hotel and Casino (la chanson-titre), Why'd You Only Call Me When You're High (quel excellent titre !), One Point Perspective, From the Ritz to the Rubble, Star Treatment, R U Mine et plusieurs autres ont meublé cette heure et demie de l'affiche principale.

Peu de dentelle au programme, donc. Peu de sophistication sur la scène de la Rivière, quelques recyclages d'arrangements observés dans le nouvel album, quelques rares évocations soul, surtout un son rock tributaire de sa longue tradition et de son instrumentation classique, ceci impliquant des rythmes invariablement binaires et des effets de distorsion parfaitement maîtrisés.

La subtilité, en fait, était incarnée par Alex Turner lui-même.

Chemise blanche, guitare en bandoulière, parfois aux claviers, le leader des Arctic Monkeys est non seulement un compositeur et un parolier d'exception, mais encore s'avère-t-il un crooner rock s'inscrivant parmi les plus grands, toutes époques confondues.