Il n'a pas sorti d'album depuis The Colour in Anything, en 2016. Il se produit rarement cet été. La visite de James Blake était donc une belle valeur ajoutée hier en clôture de la soirée du vendredi sur la scène Verte, d'autant plus que le Britannique a révélé récemment avoir souffert de dépression.

Pendant ce temps, celui dont le nom figure sur un nouvel album sorti vendredi, Travis Scott, se faisait attendre sur la scène principale, lui qui concluait la première journée du festival.

Les festivaliers en mode plus relax se trouvaient donc devant James Blake. En ouverture, Life Round Here. Ici, sa fameuse reprise de Feist (Limit to Your Love). Là, Love Me in Whatever Way. Sans compter son succès Retrogade. Et une chanson inédite interprétée pour la première fois.

Grâce aux écrans géants, son guitariste et son batteur étaient bien mis en valeur à ses côtés. En attendant de la nouvelle musique qui sorte sous son nom, James Blake a collaboré récemment avec le rappeur SwaVay, ainsi qu'avec Travis Scott, disions-nous.

Une touchante fragilité et une grande humilité se dégageaient de sa prestation, vendredi. Même à Osheaga, la musique peut apporter du calme intérieur.

Lykke Li: ensorcelante

Quelle bonne idée d'avoir programmé Lykke Li sur la scène (plutôt intime) de la Vallée, et non dans la portion la plus fréquentée du site du festival.

Sa musique se prête volontiers à un contexte d'écoute introspectif et émotif, même avec les chansons plus R&B - voire rap - de son dernier album so sad so sexy, sorti au printemps.

Maîtrisant une pop raffinée, Lykke Li a fait vibrer son public fervent avec ses « classiques » Little Bit et I Follow Rivers, mais aussi au son de ses power ballades No Rest for the Wicked et I Never Learn. Sans compter ses tubes récents deep end et sex money feelings die.

Tout se fondait en un tout cohérent. Pas aussi dansant que l'espéraient certains spectateurs, mais intense et racé.

« Vous savez que je suis timide. Vous devez m'en donner », a lancé Lykke Li, qui nous a surpris avec ses mouvements de danse lascifs.

Quelle chance c'était de voir l'ensorcelante Lykke Li en début de tournée avec un répertoire renouvelé dans l'un des rares festivals à son agenda cet été.

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La timide Lykke Li a donné un spectacle intense et racé.

Yeah Yeah Yeahs: énergie rock brute

Le public plus âgé naguère associé à l'indie rock avait rendez-vous devant la scène de la Rivière pour le spectacle des Yeah Yeah Yeahs. Mosquito, le dernier album de la bande de Karen O, date de 2013. Il s'agissait donc d'un retour après des années dans l'ombre. Rappelons qu'en 2009, les Yeah Yeah Yeahs avaient remplacé au pied levé les Beastie Boys. « Comment ça va ? », s'est écriée Karen O sur les premières notes de Y Control. La rockeuse au look noir était visiblement en grande forme et ravie d'être à Montréal. « De l'amour dans l'air », a-t-elle lancé plus tard. Il y avait presque un parfum nostalgique qui flottait dans l'air à entendre les succès du trio. Black Tongue, Soft Shock, Sacrilege, Zero et la ballade Maps, pour ne nommer que ceux-ci. L'énergie rock brute du groupe n'a pas pris une ride. Et cela manque cruellement par les temps musicaux qui courent. LA question : y aura-t-il un nouvel album des Yeah Yeah Yeahs ?

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La chanteuse Karen O salue la foule.

Chromeo: la même recette

Malgré le ciel incertain et parfois pluvieux des derniers jours, un temps clément était au rendez-vous vendredi pour la première des trois journées du festival Osheaga qui attire plus de 40 000 personnes chaque jour au parc Jean-Drapeau. Vers 17 h, c'était le premier spectacle à la maison de Chromeo depuis la sortie de son nouvel album Head Over Heels, en juin dernier. Le duo électro-funk formé de Dave-1 (David Macklovitch) et P-Thugg (Patrick Gemayel) a à l'évidence su renouveler son public depuis ses débuts, il y a 15 ans. À côté de nous, une jeune femme a lancé : « Vraiment cool, les deux jambes sous le clavier. » Or, c'est la marque de commerce du duo. Une autre s'est étonnée d'entendre Dave-1 lancer un « il y a du monde à la messe » en français. Pour faire danser et divertir la foule (quelque peu distraite, vendredi), Chromeo ne manque pas de tubes. De Fancy Footwork à Juice en passant par l'introduction emblématique de Chromeo (avec les o-o), le public a eu droit à un voyage dans le temps. Or, force était de constater que le duo n'a jamais vraiment changé sa recette... 

... une recette gagnante pour un spectacle extérieur à l'heure de l'apéro, cela dit.

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Premier spectacle à Montréal vendredi de Chromeo depuis la sortie de son nouvel album Head Over Heels, en juin dernier.