La scène des Arbres était la bienvenue dans l'après-midi cuisant du samedi, lors de la dernière. Le rock grunge du groupe torontois Dilly Dally aussi.

Les yeux fermés, nous étions en 1990 avec des bottes d'armée dans les pieds, une chemise à carreaux sur le dos et une affiche de Hole scotchée sur le mur de notre chambre à coucher.

Cela ne pourrait être plus manifeste: les années 1990 refrappent de plein fouet les mondes de la musique et de la mode.

C'est par ailleurs le défaut de Dilly Dally : le son du quatuor est trop référentiel, mais il sert de bonne chansons mélodiques, dont la «défoulatoire» Purple Rage, la frénétique Snake Head et la rageuse Purple Rage. À un moment donné, un mosh pit s'est même enflammé devant la scène.

Presque trop cool, la chanteuse féministe Katie Monks a appris à la foule que le groupe avait «son rouleur de joint». Après avoir bu de l'eau, elle a lancé: «H2O. Restez hydraté.»

Attitude, quand tu nous tiens. En attendant que Dilly Dally gagne un peu (mais pas trop) en maturité et en singularité, écoutez son album Sore.

Leon Bridges

À l'image de la journée du samedi avec The Arcs qui précédait Bastille, un grand contraste musical attendait les spectateurs réunis devant les scènes principales vers l'heure du souper avec le chanteur soul Leon Bridges présenté avant la pop sur-vitaminée de Grimes.

À l'image de The Arcs, la musique de Leon Bridges - émule de Sam Cooke - s'inscrit dans les grandes traditions musicales américaines.

Vêtu de ses traditionnels pantalons de taille très haute, le jeune chanteur texan portait un t-shirt où étaient inscrites ses origines: «Texas Gentlemen».

Accompagné de son groupe aguerri et d'une choriste (dont le son était trop fort par moments), Leon Bridges a fait dandiner le public avec des titres de son réconfortant album Coming Home, dont la pièce-titre, Brown Skin GirlLisa Sawyer et Mississipi Kisses.

Surprise complètement inattendue : sa reprise tout en lenteur acoustique du tube Pony de l'artiste oublié Ginuwine.

Par rapport à son spectacle vu au Corona à l'automne dernier, Leon Bridges a multiplié avec brio les pas de danse rétro. Il affichait néanmoins son même air candide et asexué.

Son spectacle était une excellente façon de reprendre son souffle. Avec la chaleur et la vieille âme musicale de Leon Bridges, on aurait pu se croire à la Nouvelle-Orléans.

Charles Sykes/Invision/AP

Leon Bridges à New York le 13 juin dernier.