Nos journalistes étaient au festival d'Osheaga, samedi. Ils ont vu Christine and the Queens, Patrick Watson, Karim Ouellet, Interpol, Milky Chance et Weezer. Voici leurs impressions.

CHRISTINE AND THE QUEENS: Rien à son épreuve

Par Alain de Repentigny



Il y a parfois moins loin de Paris au Métropolis, où Christine and the Queens a chanté à guichets fermés en février, que du même Métropolis au festival Osheaga. Devant la scène Verte, hier, il y avait les convertis, mais surtout des curieux, dont pas mal de francos, si l'on en juge par leur noooooon! sonore quand Heloïse Letissier, la Christine en question, leur a demandé si elle devait parler en anglais. Bête de scène doublée d'une véritable machine à danser, la dame qui a des ambitions américaines a gagné la partie quand, tout de suite après avoir repris Pump Up the Jam, elle est allée salir ses baskets dans la boue au bas de la scène tout en chantant Intranquillité. Tenez-vous-le pour dit, rien n'arrête cette Christine.

PATRICK WATSON : Symphonie pour un festival

Par Alain de Repentigny



Après la pluie qui venait d'arroser les fans d'Interpol, le parterre du parc Jean-Drapeau était dégarni, quand Patrick Watson s'y est pointé hier soir. Le Montréalais avait droit cette fois à la grande scène de la Rivière, juste avant Weezer et Kendrick Lamar. Festival ou pas, Watson a proposé sa petite symphonie bien à lui, appuyé en cela, à l'occasion, par des sections de cuivres et de cordes en plus du choeur. Un orchestre dont le premier violon était François Lafontaine, très sollicité aux claviers. À l'exception de la dansante Hearts et de Words in the Fire, servie façon bivouac, ce programme ambitieux, voire un peu trop cérébral, n'a pas beaucoup fait réagir le public d'Osheaga.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, LA PRESSE

Patrick Watson, à Osheaga, samedi

KARIM OUELLET: Réjouissant

Par Alain de Repentigny

Karim Ouellet a fait de sa carte blanche un spectacle diablement efficace dans lequel sa famille élargie - sa soeur Saramée, King Abid et Claude Bégin - et ses invités Kandle, Loud Lary Ajust et Ariane Moffatt se sont glissés naturellement, sans faire de manières. Il était à peine 14 h, mais il y avait devant la scène Verte quelques centaines de spectateurs enthousiastes qui connaissaient bien leur Karim, qui applaudissaient dès les premières mesures d'Automne du duo Loud Lary Ajust et qui ont particulièrement goûté la version délicieusement funky de Je veux tout d'Ariane Moffatt. Karim le surdoué faisait un meneur de jeu idéal, chantant ses propres CycloneFoxL'amour et Marie-Jo et mettant sa guitare, tantôt rythmique, tantôt lyrique, au service de ses amis. Réjouissant.

MILKY CHANCE: Une valeur sûre

Par Émilie Côté

Le spectacle de Milky Chance s'est terminé sous le signe rassembleur de la chanson avec laquelle tout a commencé pour le duo. Un beau jour, deux jeunes Allemands inconnus, Clemens Rehbein et Philipp Dausch, ont mis en ligne la chanson Stolen Dance. Depuis, elle a été vue et entendue plus de 160 millions de fois. Après avoir attiré une foule monstre au Festival d'été de Québec, il y a deux semaines, le groupe se produisait à Osheaga sous le soleil chaud de l'heure de l'apéro, hier. Il a attiré des milliers de jeunes festivaliers qui carburent à la musique pop indé. Le folk de Milky Chance a des influences reggae et électro, habilement agrémentées de refrains rassembleurs, notamment sur Fairytale et Down by the River. Sur scène, le duo était accompagné d'un second guitariste qui a offert un beau solo d'harmonica. Le groupe avait l'attitude relax idéale et juste assez de succès pour se produire à la lumière du jour. Il a offert un bon spectacle de festival après un premier album. Une valeur sûre dans la programmation. Pendant ce temps, les festivaliers aux goûts plus racés avaient rendez-vous avec Daphni (projet parallèle de Caribou) et Christine and the Queens.

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Milky Chance, samedi, à Osheaga

INTERPOL: idéal sous la pluie ?

Par Alain Brunet

D'album en album, ces hommes vêtus de noir surfent sur la coldwave anglaise, voguent sur les eaux froides d'un fleuve long, somme toute tranquille. Fidèles à leurs habitudes, ces New-Yorkais ont conçu un spectacle léché, sorte d'installation rock pour modèles vivants, guitares, basse, batterie et claviers. Sur la scène de la Montagne, ils étaient entourés de magnifiques images en noir et blanc, rarement en couleur. Le tournage en temps réel de cette performance alternait avec de la vidéo surtout abstraite, rarement figurative. Le chanteur et parolier Paul Banks s'exprimait souvent les yeux fermés. Ses collègues bougeaient peu, regardaient peu la foule, souriaient peu. Au programme, un mélange équilibré de succès passés et de chansons récentes : Evil, Take You on a Cruise, C'mere, Not Even Jail, All the Rage Back Home, Slow Hands, PDA... Sans cet influx visuel, sans ces vêtements sombres, sans ces nuages gris foncé et cette averse qui nous a trempés jusqu'aux os, ce répertoire perdrait-il de son intérêt ? Idéal sous la pluie, Interpol ?

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Interpol à Osheaga, samedi

WEEZER: Du bonbon

Par Émilie Côté

Weezer à Osheaga ? Du bonbon ? Quand le spectacle commence avec My Name Is Jonas et se termine avec Buddy Holly, difficile d'être déçu. Weezer a donné un spectacle moins survolté qu'en 2010, mais son catalogue suffit pour combler de bonheur les spectateurs : Hash Pipe, Beverly Hills, Say It Ain't so, Pork and Beans, The Sweater Song, pour ne nommer que ces tubes. Et quand les enfants de Cuomo sont montés sur scène (l'aînée au clavier pendant Perfect Situation et son petit frère à la guitare de plastique), la foule était conquise ! Seul hic : le son, qui manquait de puissance et de gras. « On entend aussi fort qu'à Saint-Lambert », a blagué un spectateur à côté de nous. Avec une barbe généreuse et un look branché de plein air digne de Portland en Oregon, Cuomo avait des airs de papa cool. C'est justement comme cela qu'on l'aime.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, LA PRESSE

Weezer, à Osheaga, samedi