Après avoir décliné maintes fois ses invitations au cours des dernières années, Beck se produit au festival Osheaga ce soir. Sur scène, il offrira un son funk et électrique avec son équipe de quatre musiciens étoiles. La Presse profite de cette visite rare pour décortiquer les mystères de son talent et de son génie musical.

Bek David Campbell est né le 8 juillet 1970, à Los Angeles. Originaire de Toronto, son père David Campbell est un compositeur, instrumentiste et arrangeur qui a travaillé à ce jour sur des centaines d'albums à succès (Carole King, Metallica, Linkin Park, Muse).

Sa mère, Bibbe Hansen, est une artiste visuelle aux origines norvégiennes, suédoises et juives. Jeune, elle faisait partie de l'entourage de la Factory d'Andy Warhol.

Beck a grandi près d'Hollywood Boulevard. Durant son adolescence, il découvre avec passion la musique hip-hop et folk, tout en apprenant à danser le breakdance.

À 17 ans, il prend le bus sans un sou en direction de New York, où il s'intéresse au mouvement anti-folk. Pendant quelques années, Beck donne des spectacles acoustiques improvisés en incluant des passages de spoken word où il délire sur la culture populaire de la génération MTV.

D'un vidéoclub au tube Loser

En 1991, Beck rentre à Los Angeles où il travaille dans un vidéoclub du quartier Silver Lake. Il attire l'attention de Margaret Mittleman, responsable du dépistage pour la major BMG. Il rencontre également Tom Rothrock, du label indépendant Bong Load Custom, qui le présente au réalisateur hip-hop Karl Stephenson.

Un jour, Beck et Stephenson bricolent en studio ce qui va devenir le tube Loser. Pour Beck, cet enregistrement est n'importe quoi. Mais Tom Rothrock, de Bong Load Custom Records, insiste pour faire parvenir la chanson aux stations de radio.

Le reste appartient à l'histoire.

Le hip-hop folk et lo-fi de Loser devient l'hymne d'une génération. Les majors s'arrachent Beck, qui signe finalement en 1993 un contrat avec Geffen comprenant des clauses de non-exclusivité. Beck sort l'album Mellow Gold en mars 1994. Il déteste l'image de «slacker de la génération X» qui lui est associée et il craint d'être un one-hit wonder.

Le génie d'Odelay

Le 18 juin 1996, Beck lance son deuxième album officiel, Odelay, réalisé par les Dust Brothers (Beastie Boys). C'est la consécration critique et populaire, les critiques louangent ce copier-coller de country, blues, rap, jazz et rock.

Sur la pièce phare Where It's At, Beck résume l'essence de son art musical moderne: «I got two turntables and a microphone».

L'année suivante, Beck remporte le prix Grammy de l'album alternatif de l'année, mais vit plus ou moins bien avec la notoriété publique. «C'est bizarre d'être reconnu dans la rue», déclare-t-il à l'époque en entrevue. Dire que le label Geffen croyait que Beck ferait fausse route avec Odelay.

Le coeur brisé de Sea Change

En 1998, Beck lance l'album Mutations, réalisé par Nigel Godrich (dont on louangeait le travail pour OK Computer, de Radiohead, sorti un an plus tôt).

Les critiques font encore une fois l'éloge du génie de Beck qui désire briser son contrat avec Geffen, en vain. Suit le disque Midnite Vultures. Puis, à l'aube de ses 30 ans, Beck vit un grand chagrin d'amour quand il apprend que sa copine de longue date le trompe avec un autre musicien.

Après une période sombre d'introspection, Beck surprend tout le monde avec un sublime disque de ballades folk, Sea Change, pour lequel il refait équipe avec Nigel Godrich.

Le papa

En couple avec Marissa Ribisi (soeur jumelle de l'acteur Giovanni Ribisi), Beck devient le fier père d'un petit garçon en 2004.

Il retrouve les Dust Brothers qui réalisent l'album Guero, puis il travaille de nouveau avec Nigel Godrich pour The Information.

En 2007, sa femme donne naissance à leur fille, puis Beck a un coup de coeur professionnel pour Danger Mouse (The Black Keys, Gnars Barkley) avec qui il conçoit le disque Modern Guilt.

Depuis, Beck multiplie les projets. Il a notamment réalisé les albums de Charlotte Gainsbourg et de Thurston Moore, écrit des chansons pour la télé et le cinéma.

En attendant un nouvel album acoustique, il donne quelques spectacles cet été. Il a enfin accepté de participer au festival Osheaga après avoir décliné plusieurs fois ses invitations au cours des ans.