L'altière Santigold a régné sur ses sujets, du moins pendant les trois quarts d'heure de son mandat express.

Celle qu'on nomme un peu trop facilement la M.I.A. noire a profité d'une éclaircie: le soleil a même percé le plafond entre deux ondées, des dizaines de milliers d'osheagars et d'osheafilles ont pu se réjouir devant cette performance bien fagotée dans un tel contexte. Spectacle donné devant une foule d'une densité exceptionnelle, c'est-à-dire jamais observée un dimanche après-midi à ce festival.

Ainsi, Santigold s'est amenée sur scène (de la Montagne) avec costumes, chorégraphie et même une petite mise en scène. Accompagnateurs fringués en soldats d'élite venus de contrée lointaine, garde rapprochée d'une impératrice nubienne régnant la vallée du Nil. Choristes-danseuses d'abord vêtues de vert comme leur supérieure, puis en tenue d'écolières-écuyères promenant un faux cheval sur scène pendant que la soliste arborait un vêtement royal garni de dorures. Cet apparat de carnaval, avons-nous déduit, était relié au concept graphique de l'album Master of My Make Belief. On aura même eu droit à l'invitation de fans sur scène pour contribuer à l'effort collectif!

On a beau se formaliser de son manque relatif d'imagination vu les trop grandes similarités stylistiques technoïde et dub avec sa collègue M.I.A. (entendre notamment les chansons Go!, Fame, Pirate in the Water, Freak Like Me), on a beau être un tantinet déçu de son récent album après une trop longue attente, on doit tout de même convenir que Santigold une dégaine qui lui est propre.

Ne lui reste qu'à trouver ses sons et ses beats ailleurs que chez les réalisateurs Diplo et Switch (d'où la similarité avec la Britannique d'origine tamoule), elle pourra alors mélanger le tout avec ses couleurs punk et new wave pour ainsi se dégager définitivement de ces comparaisons qui doivent lui peser sur les épaules. Sur scène, en tout cas, la distinction est beaucoup plus facile à faire.