Dans l'attente d'une foule record de plus de 100 000 personnes, le festival Osheaga s'ouvre aujourd'hui pour trois jours de musique. Ce soir, les têtes d'affiche sont Franz Ferdinand, The Weeknd, Justice et Sigur Ros. C'est sans compter Florence + The Machine, dont la chanteuse britannique Florence Welch a accordé une entrevue à La Presse.

Au moment de notre entretien téléphonique, Florence Welch est dans un hôtel du Colorado, alors que l'attention de la planète est tournée vers sa ville natale. La rouquine était-elle déçue de ne pas être à Londres le jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques?

«C'est bizarre de ne pas être là, mais, en même temps, c'est un soulagement avec la congestion et tout...», lance-t-elle. Florence Welch est en Amérique du Nord depuis près d'un mois pour la tournée de son deuxième album, Ceremonials, qu'elle a fait avec sa «machine» de musiciens. Le retour sur scène de Florence + The Machine n'a rien à voir avec les tout premiers spectacles donnés aux États- Unis, il y a deux ans.

«Les salles sont plus grandes. Il y a plus de monde. L'inverse serait gênant, lance-t-elle. Je bois moins, nous sommes mieux organisés. J'imagine que nous sommes devenus plus professionnels.»

Au bout du fil, le ton de sa voix est à la fois nonchalant et amical. La jeune femme de 25 ans reste un esprit libre. Sorti en juillet 2009, le premier album de Florence + The Machine, Lungs, fut l'un des contes de fées indierock de l'année: en lice pour le Mercury Prize, trois millions d'exemplaires vendus, nomination au gala des Grammy, etc.

Pour le deuxième disque, Florence Welch et ses musiciens ont travaillé avec l'illustre réalisateur Paul Epworth, qui a aidé une certaine Adele à rencontrer le succès qu'on lui connaît. Mais des fans de la première heure n'ont pas nécessairement aimé le résultat. Riche et léchée, la réalisation d'Epworth enrobe les chansons de Florence + The Machine d'arrangements puissants, surtout électroniques et orchestraux.

«Je voulais que l'album ait un son massif, qu'il se tienne comme un tout et non comme une collection de chansons», indique Florence Welch, fort satisfaite du bel effet de Ceremonials. «Je me suis demandé si les gens allaient trouver ça trop big, poursuitelle. Mais finalement, ils ont embrassé Ceremonials. C'est comme s'ils m'avaient laissée vieillir.»

Florence Welch a adoré son expérience en studio avec Epworth. «Paul est innovateur. Il m'a fait découvrir des sonorités électroniques et a fait ressortir ma nature euphorique.»

Pas de pause

Si la transition sonore entre Lungs et Ceremonials est grande, Florence Welch n'a pas vu le temps passer. Elle a trouvé un appartement, mais, faute de temps pour l'aménager, elle habite toujours chez sa mère, dans South London. «Je n'ai pas eu de pause, indique-t-elle. Après la tournée avec U2, nous avons passé quatre semaines intensives à Abbey Road à enregistrer Ceremonials.» Entre-temps, sa vie a beaucoup changé. «Il faut continuer d'aller dans les galeries d'art et de marcher pour s'inspirer d'autre chose que du cirque», dit-elle.

L'imagerie et le concept visuel de Ceremonials étaient fort inspirants pour bâtir le spectacle que les mélomanes verront ce soir à Osheaga, collant parfaitement au charme magnétique de Florence, dont les robes et la chevelure rousse lui donnent des airs de belle sorcière. «J'aime cette idée de cérémonie, de transcender la musique avec des costumes, détaille-t-elle. Et sur l'album, il y a cette idée d'exorciser ses démons, ses désirs, ce dont on se sent coupable... Nous avons tous des zones de lumière et des zones d'ombre.»

Florence + The Machine se produit ce soir, 19h30, sur la scène de la Rivière.