Il est ici question d'une heureuse équation: Salvador + Guatemala + Hongrie + Haïti + République dominicaine + Québec = Heavy Soundz de Montréal.

Le MC Chele,fournit d'autres paramètres pour mieux saisir ces «soundz» de Montréal. «Les refrains sont chantés ou rappés en même temps. La langue principale est l'espagnol, on mélange un peu le français et l'anglais. Mais tout est montréalais. Notre façon de jouer et d'écrire, ce dont on parle, c'est vraiment Montréal. Il y a des musiques d'ailleurs qui peuvent ressembler aux nôtres, mais nous avons quelque chose d'unique. Aucun autre groupe n'a ce son, et je le dis sans prétention.»

Au fil du temps, Heavy Soundz a trouvé son identité, estime Chele. Il croit que sa bande est en pleine possession de ses moyens, que le meilleur est à venir. Il y a déjà eu du très bon, faut-il le souligner: rappelons que la formation a remporté en 2012 la compétition des Syli d'or, organisée par Nuits d'Afrique. L'année précédente, l'album Tumba parlantes avait fait connaître le groupe au Québec.

Heavy Soundz est formé de sept musiciens, chanteurs et MC: Chele et Lunatico (rap et chant), Catherine Molnar (chant), Charles Jobin (guitare électrique et programmation), Julien Senez-Gagnon, (basse), Ian Lettre (batterie, percussions) et Étienne Lebel (trombone et arrangements). Soulignons au demeurant que l'acclamé Boogat a collaboré sporadiquement à l'émancipation du groupe.

Heureux mélange

Et de quoi se composent ces «soundz»?

«Nous étions très portés sur l'électronique; nous tendons maintenant à créer nos propres sons, même si nous faisons encore de la programmation et de l'échantillonnage. Par exemple, nous utilisons les claviers analogiques plutôt que de privilégier les sons par ordinateur.»

Sur scène et en studio, la musique jouée en temps réel par les instrumentistes fait bon ménage avec la dimension électronique, le tout mis au service de référents musicaux hip-hop, rock et afro-latins.

Chele ajoute: «Je viens du Salvador, où la cumbia est le rythme par excellence. Heavy Soundz fait aussi dans la salsa. Nous intégrons également le konpa parce qu'un de nos membres a des origines haïtiennes et dominicaines. J'ai grandi avec des Haïtiens dans le quartier Saint-Michel; ça vient me chercher.»

En fait, ces «soundz» résument la trajectoire de jeunes gens qui ont créé leur identité montréalaise à travers leur vie de quartier, leurs rencontres et leurs aspirations.

L'exemple de Chele est éloquent en ce sens. «J'avais 10 ans lorsque je suis arrivé du Salvador; j'ai réussi à m'adapter. Aujourd'hui, j'ai deux enfants; ma fille aînée parle espagnol, français et anglais, ma femme est d'origine hongroise. Nos enfants savent que leurs parents viennent du Salvador et de la Hongrie. Ça se mélange, à Montréal. Je vis avec ma famille dans le quartier Villeray, je n'ai jamais autant fraternisé avec des familles québécoises.»

Visiblement, ces «heavy soundz» adoucissent les moeurs.

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Au parterre du Quartier des spectacles, demain soir, 18h40.