Los Van Van s'amène à Nuits d'Afrique après le décès récent de son fondateur, Juan Formell. L'expression «the show must go on» n'a jamais été aussi vraie.

Le «train de la musique cubaine», comme on surnomme Los Van Van, ne s'arrêtera jamais. C'est le credo de ce groupe fondé il y a 45 ans par le bassiste Juan Formell, mort le 1er mai dernier à l'âge de 71 ans. Le groupe l'a honoré lors d'un spectacle à La Havane, qu'on imagine fort émouvant, exactement deux semaines après sa disparition.

Quelques semaines plus tard, les membres de Los Van Van reprenaient la route et leur tournée mondiale en France, Autriche, Espagne... Il y a quelques jours, c'était Londres, et les revoici à Montréal. Le groupe passe cinq mois par année dans ses valises.

«The show must go on», dit avec son fort accent espagnol Samuel Formell lors d'une entrevue téléphonique qui se déroule dans la langue de Cervantes. Nous devons continuer à travailler, c'est ce que Juan Formell voulait.»

Le nouveau directeur du groupe, percussionniste et fils de Juan, parle de son père avec déférence. Et pour cause. Le fondateur de Los Van Van et l'orchestre lui-même sont de véritables institutions de la musique latino-américaine, parmi les tout premiers dans les années 70 à militer en faveur du songo et de la timba, parties intégrantes de la salsa dite cubaine.

La famille

Los Van Van est une famille aussi. Les Formell, les Morejon, les enfants des enfants, les cousins, les neveux et nièces, dont certains jouent sur scène et d'autres, en coulisses. Pour tous ceux-là et les nombreux admirateurs, la progression fulgurante de la maladie hépatique du bassiste, compositeur et chanteur des Van Van aura causé tout un choc.

«C'est arrivé du jour au lendemain. C'est immense ce qu'il a accompli, mais nous devions relever nos manches aussitôt, avoue Samuel Formell. Il avait déjà bien planifié la succession et il ne prenait plus part à toutes les tournées. La relève est là et nous pensons déjà aux 45 prochaines années.»

Los Van Van, que certains surnomment «les Rolling Stones de la salsa», ont gagné deux prix Grammy. L'an dernier, le groupe s'est vu décerner le Womex 13 Artist Award, un prix international en musique du monde.

Un nouvel album devrait sortir en septembre. Le groupe n'avait pas enregistré de disque depuis La maquinaria en 2011. Cependant, le spectacle de Montréal ne comprendra pas de nouvelles pièces.

«Nous jouerons nos grands succès, mais ce n'est pas vraiment un spectacle hommage à Juan Formell, même si on joue en pensant à lui. Pour l'album, nous ne sommes pas encore prêts, explique Samuel. Avec tous ces voyages, c'est difficile de trouver le temps.»

Chose certaine, l'orchestre compte poursuivre dans la voie tracée par le fondateur en fusionnant à la salsa cubaine du rock, du jazz, voire du hip-hop.

«Les temps changent, les gouvernements aussi, dit Samuel Formell en faisant allusion à la facilité avec laquelle les Cubains peuvent voyager désormais. Nous changeons, comme musiciens, mais nous gardons un esprit d'ouverture envers les nouveaux sons, les nouvelles musiques. C'est ce qui fait que Los Van Van vont et viennent et évoluent.»

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Los Van Van est au Métropolis ce soir à 20h30 Première partie: Jesus Cantero