À la suite d'une performance avec orchestre, gracieuseté de notre Boogat, le trio israélo-américain Balkan Beat Box était multiplié par deux pour se présenter sur la scène du National, dans le cadre de Nuits d'Afrique. Certainement pas pour se tourner les pouces!

Six hommes hyper motivés sur scène en ce samedi soir très humide et très chaud, s'esbaudissant dans une atmosphère survoltée et caniculaire. Ori Kaplan, saxophone alto, machines, choeurs. Tamir Muskat, batterie, machines, choeurs. Tomer Yosef, chant principal, machines, percussions. Itamar Zeigler, basse, choeurs. Ron Bunker, guitare, choeurs. Peter Hess, saxes alto et ténor, clarinette.

Majorité sémite sur les planches, ouverture totale sur le monde, progressisme et humanisme sonnants. Bon, on pourrait se formaliser un tantinet de cette approche un peu missionnaire, truffée de rimes éditoriales balancées sur un lit de festivités intenses. Or, justement, le caractère festif de cette machine huilée au quart de tour nous fait rapidement oublier ces légers excès pamphlétaires de BBB.

Pendant une paire d'heures, quelques centaines de fans réunis sur le parterre ont sué à grosses gouttes et ont assurément digéré leur repas du soir. L'étage supérieur du National n'a toutefois pu être rempli, c'est dire le travail à accomplir en ce qui a trait aux propositions musicales transculturelles... mais on reste optimiste sur la croissance du public jeune (vingtenaires et trentenaires) pour ces vagues de sons différents de la pop et du rock à l'occidentale.

Les courants qui convergent chez BBB sont certes balkaniques, on l'entend dans le phrasé des instruments à vent. Quelques jours après le concert montréalais de la Fanfare Ciocarlia de Roumanie, le rapprochement est plus qu'évident; on sait aussi que les Balkans furent une étape historique de la longue migration juive eu fil des deux derniers millénaires, les traditions de ces régions (surtout tziganes) demeurent d'ailleurs très proches du klezmer ashkénaze.

Patrimoine et modernité

Or, Balkan Beat Box est loin de s'en tenir exclusivement à ce patrimoine: les guitares de Ron Bunker ont une inclinaison surf rock et funk, les influences moyen-orientales déteignent sur la facture d'ensemble et... profusion de reggae, dancehall et dub dans l'affaire, sans compter cette esthétique hip-hop qui chapeaute le tout.

«We came here tonight to make you dance», a amorcé Tomer Yosef aux alentours de 22h. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les mecs ont rempli leur mandat à la lettre! On aura entre autres reconnu les chansons Part of the Glory, War Again, Porno Clown, Dancing With the Moon, La Bush Resistance, My Baby ou la reprise de Sleep - Jerusalem qu'a déjà entonnée Alpha Blondy. Majorité de chansons tirées de l'album Give (paru en 2011 sous l'étiquette Nat Geo) mais aussi d'autres titres plus âgés qui remontent au premier album de BBB, paru en 2005.

Feu roulant du début à la fin, c'est-à-dire vers minuit, la machine BBB s'est défoncée pour le public qui répandra assurément la bonne nouvelle pour la prochaine escale. Fièvre et sueur du samedi soir, à n'en point douter.