Calypso Rose est de ces grandes prêtresses de la scène qu'il faut voir une fois dans sa vie si on s'intéresse aux musiques afro-antillaises. Originaire de Tobago, authentique reine du style calypso lorsqu'elle était dans la fleur de l'âge, la dame de 72 ans exerce encore une autorité incontestable sur les planches.

C'est du moins ce qu'on a observé vendredi soir au Village des Nuits d'Afrique. Voilà que nous avions devant nous une personne dotée d'une énergie et d'un ascendant comparables à ceux de tous ces grands artistes populaires dont l'aura resplendit jusqu'à la fin d'un long parcours.

Sa vie bien remplie, la fierté de son identité, ses accomplissements remarquables et sa vision du monde constituent un livre ouvert : elle n'hésite pas à en dévoiler de suaves extraits entre les chansons de son patrimoine personnel.

Puisant dans un répertoire de calypso classique, répertoire original émaillé de soca, reggae et autres légères digressions, Calypso Rose chante un peu rudement, usant d'une voix d'alto assez grave et pas toujours parfaitement juste. Quant à son groupe formé de musiciens antillais (Trinidad, St.Thomas) installés à Toronto, il fournit un accompagnement correct, professionnel, exécuté dans les règles de l'art... et c'est tout.

Mais bon, il n'y a pas lieu de se formaliser de tels détails pour évaluer la performance de cette chanteuse d'expérience, grande dame encore capable de galvaniser les foules. La foule de Montréal, a-t-on d'ailleurs noté au Parterre du Quartier des spectacles, n'était pas tout à fait composée de membres de la communauté antillaise anglophone - surtout massés au pied de la scène.

On comprendra que la chanteuse septuagénaire attire désormais les fans antillais plus âgés, ayant vécu les grandes époques du style calypso (1955-1975), sans compter les Montréalais de toutes origines qui se montrent sensibles à la mosaïque proposée au Village des Nuits d'Afrique ce week-end. Ce qui n'est pas rien.