À part la langue et la totale blancheur du corps que vient altérer le seul rouge de leurs lèvres, les Voca People ont beaucoup en commun avec les Terriens.

Semblables du point de vue vocal et morphologique, les Voca jouissent toutefois d'une légère avance technologique: le vaisseau qui les a amenés de leur lointaine planète à la nôtre fonctionne non pas aux ergols liquides, mais à la musique.

Ainsi, avant de retourner de l'autre côté du Soleil, les Voca People étaient au théâtre Maisonneuve vendredi -ils y sont encore samedi- pour faire le plein de musique terrienne. Devant une salle qui, loin d'être pleine, n'en a pas moins apprécié l'extraordinaire performance vocale de cet octuor dont les quartiers interstellaires sont établis en Israël où vit leur producteur terrien (il en faut).

Les Voca mâles ont pour nom Beat-On, le capitaine, Scratcher, Tubas, Bari-Tone et Tenoro; les Voca femelles s'appellent  Alta, Mezzo et Soprana (voir voca-people.com). Ensemble, et sans autre instrument que leur voix, les Voca People se font tantôt orchestre de chambre tantôt rock band symphonique à la Genesis et bien malin qui pourrait distinguer le vrai synthé du faux.  Ici, l'intro guitare de Smoke on the water de Deep Purple, les huit notes parmi les plus connues du rock classique «jouées» par Mezzo; là, Billy Jean de Michael Jackson,  avec un semblant de moon walk qui nous fait dire que les Voca n'ont pas encore mis les pieds sur la Lune (par ailleurs assez tranquille en carburant musical, selon nos sources à la NASA).

Avec une aisance sidérale, les Voca se promènent dans la plus parfaite harmonie des musiques de film - Morricone, My heart will go on de Titanic - aux extraits de musicals mais s'il fallait leur assigner une spécialité, on opterait pour le disco, un genre qui, ces extra-terrestres l'ont compris, a uni les peuples de la Terre. Avec la dance music et autres genres hyper-rythmés, Beat-On et Scratcher peuvent donner libre cours à leurs exceptionnels talents de beatbox, ce style de percussion vocale qui nous  a donné l'homme-drum, incarnation suprême de la rythmique d'ici.

Outre la musique, Voca et Terra ont en partage l'humour.  Dans leurs numéros sur scène - «traducteur», Scratcher est aussi le comique désigné - et dans les numéros d'interaction avec le public. Des spectateurs -- peut-être «plogués» d'avance  - sont choisis par les Voca descendus au parterre pour le «test». Quelle musique se cache dans cette tête de Terrien, demande Scratcher en posant sa main sur le crâne chauve du monsieur de la première rangée ?  «Sex!» Et les Voca de se lancer dans une version chaude de Fever. On découvrira la même «musique»  dans la tête d'une dame assise plus loin -- Lady Marmelade de Labelle -- que les Voca «marieront» avec le premier monsieur, au son de la Marche nuptiale.

Plus tard, une belle blonde sera invitée à monter sur scène avec les hommes Voca qui lui chanteront My girl (Temptations), provocation à laquelle les trois Voca femmes réagiront en invitant autant de spectateurs du sexe opposé. Le thème ? Sex Bomb de Tom Jones. Et l'un de ces couples  intergalactiques disparaîtra bientôt dans les coulisses sombres pendant que les autres Voca mimeront l'acte primal humain avec force mouvements du bassin... Dans ces zones, Voca People fait plus dans le burlesque de cabaret que dans la grande performance vocale et scénique qui, seule, les mettrait déjà dans une classe à part.

Voca People: au théâtre Maisonneuve de PdA samedi et au Capitole de Québec dimanche.