Quinze ans que Marie-Denise Pelletier n'avait pas donné un spectacle monté sur de nouvelles chansons. On ne peut pas dire que la chanteuse aux cheveux de feu a risqué la surexposition... Elle n'était pas, par contre, tombée dans l'oubli quoique son spectacle d'hier soir à L'Astral constituait vraiment une «rentrée». Et une vraie!

Entourée de quatre musiciens - il n'en fallait pas plus - tout à leur rôle d'accompagnateurs, la Montréalaise a livré un heureux mélange des pièces de son plus récent CD, le Marie-Denise Pelletier de mai 2011, et de quelques-uns de ses succès passés dont Tous les cris, les S.O.S. pour ouvrir la deuxième partie, chanté, pour quelques mesures, a cappella et sans micro. Pour ceux qui auraient oublié que MDP est une vraie chanteuse.

Elle avait cassé la glace, bien mince, avec la très belle Flâner en chemin, écrite par Luc De Larochellière sur une musique signée MDP et Andréanne Alain, une musique que le quatuor a livrée avec allant, comme pour confirmer l'aspect folk annoncé du CD qui, il faut dire, ne nous saute pas aux oreilles à la première écoute. Et si tu m'aimes, la pièce d'ouverture du CD, a ensuite mis en relief l'impressionnant apport harmonique du guitariste Toyo et du batteur Steve Bucci dont les voix se marient parfaitement à celle de Mme Pelletier, somptueuse et puissante.

Naviguant dans les aigus, Bucci a ensuite brillamment pris la place, si l'on peut dire, de Mario Pelchat (qui chante sur le CD) dans le duo Qu'aurions-nous laissé? On l'entend à la radio, cette power ballad n'a rien à envier au tandem Céline Dion-Garou.

A suivi Le temps d'exister, musique de Richard Séguin, où MDP a lancé un couac à la flûte à bec, dont elle n'avait pas joué, a-t-elle précisé sous les rires, «depuis la 4e année B»... Pas de faute.

Cette rentrée s'est faite dans une sono parfaite où les claviers de Benoît Sarrasin - pas une note de trop mais tout ce qu'il faut - et la basse électrique de Daniel Hubert semblaient donner aux ballades de MDP une texture moins sirupeuse. Car il nous semble que c'est là l'écueil dont Marie-Denise Pelletier - aidée en cela par les gens de sa nouvelle équipe de GSI Musique - doit se méfier: chanter de petites affaires qui ne mènent à pas grand-chose.

Marie-Denise Pelletier a prouvé hier encore qu'elle était une chanteuse de haut niveau - le Québec n'en compte pas tant que ça - et ce Crazy de Patsy Cline, une «chanson de cow-boy» du temps de son père, a donné des frissons jusqu'aux piliers de L'Astral. C'est quand la dame se laisse aller qu'elle «ouvre», qu'elle est à son mieux, avec ses chansons ou celles des autres.

Montréal en lumière, hier soir, a servi de cadre à la belle rentrée d'une grande chanteuse. Belle soirée en ville.