La chanteuse jazz Emilie-Claire Barlow a lancé son huitième album studio, The Beat Goes On, l'automne dernier. Un album où sa voix trompe les standards des années 30 et 40 pour les succès pop des années 60, chantés jadis par les Bob Dylan, Nancy Sinatra et Burt Bacharach. Entrevue avec la jazz woman ontarienne qui vend plus de la moitié de ses albums au Québec.

Emilie-Claire Barlow est une Ontarienne de Toronto, mais son marché le plus fort est le Québec. «Attends, je viens de recevoir les derniers chiffres de SoundScan, dit-elle, au bout du fil, dans sa ville natale. J'en ai vendu plus de la moitié au Québec. J'ai un public très fort et j'en suis ravie.»

La chanteuse parle de son dernier album, The Beat Goes On, sorti en octobre dernier. Emilie-Claire Barlow est une interprète jazz, donc il va de soi qu'elle fasse des albums de reprises. Mais pour The Beat Goes On, elle a mis de côté les classiques des Gershwin et Porter pour se transporter dans les années 60. «Je voulais faire quelque chose de différent, car j'avais le sentiment de refaire le même album, explique-t-elle. Je voulais un défi et les années 60 forment une décennie colorée de musique, explique la chanteuse. Le défi était de choisir des chansons qui n'ont pas été reprises souvent et les rebâtir dans mon style jazz. Le processus créatif au piano a été très intéressant.»

Il est fascinant de voir les chansons que la chanteuse a choisies après des heures et des heures d'écoute: Don't Think Twice, It's Alright de Bob Dylan à These Boots Were Made for Walkin', popularisée par Nancy Sinatra, en passant par Sunshine Superman de Donovan et la version française - signée Claude Gauthier - de T'es pas un autre de Buffy Sainte-Marie.

Le degré de réinterprétation de chaque chanson est très variable. «Pour la chanson de Bob Dylan, j'ai poussé l'original très loin. Pour T'es pas un autre, ce n'est pas aussi différent, explique la chanteuse.

Sur la sixième plage de son disque, elle remixe The Beat Goes On (la version de Sonny and Cher), avec le groove «Austin Poweresque» de Soul Bossa Nova de Quincy Jones. C'est très réussi. Emilie-Claire Barlow reprend également Comme je crie, comme je chante, une pièce écrite par François Cousineau et Gilbert Langevin pour Pauline Julien. «C'est puissant comme chanson», souligne-t-elle.

«J'aime l'idée de garder des chansons vivantes pour les prochaines générations», ajoute la chanteuse jazz.

Emilie-Claire Barlow signe les arrangements de ses reprises. Parfois, elle se base simplement sur la mélodie alors que pour d'autres chansons, la base du réarrangement jazz passe par la basse ou le piano.

Elle se laisse également inspirer par l'esprit original des chansons: l'inspiration «sexy et cool» de These Boots Are Made for Walkin', par exemple, ou la mélancolie de Will You (Still) Love Me Tomorrow de Carole King.

Pour une première fois en huit albums, Emilie-Claire Barlow a partagé la réalisation de The Beat Goes On avec son mari, Daniel Leblanc, qui écrit de la musique pour des films et la télévision. «Il me connaît mieux que n'importe qui. Je lui fais confiance et il n'a aucun autre objectif que de faire un bon disque, explique-t-elle. C'était bien d'avoir un coréalisateur, surtout quand j'enregistre ma voix. Ça me donne une autre perspective.»

Sur scène, les mêmes musiciens entourent Emilie-Claire Barlow depuis longtemps: le guitariste Reg Schwager, le bassiste Ross MacIntyre, le saxophoniste Kelly Jefferson et le batteur Davide DiRenzo.

«Nous avons une bonne chimie sur scène, mais aussi quand nous voyageons. J'aime être entourée de gens positifs», dit Emilie-Claire Barlow, dont les reprises conviennent parfaitement à un apéro avec un éclairage tamisé.

Parlant de tournée, la chanteuse entame une série de spectacles demain, à Montréal.

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Emilie-Claire Barlow se produit demain soir à l'Astral dans le cadre du festival Montréal en lumière.