Des ballons, il y en avait tout autour du quartette: sur scène, derrière et au-dessus de la scène. Ballons de lumière, ballons tout court. Devant le terrain de jeu, deux étages de l'Astral à guichets fermés, soit plus ou moins 600 personnes venues acclamer le passage de Random Recipe à une autre phase de sa popularité.

Frannie nous l'a confié ce vendredi, le band montréalais était confiné jusqu'alors à de plus petites configurations. Cette phase semble bel et bien derrière la petite histoire du quatuor montréalais, promis à une ascension dont les signes étaient bien tangibles en ce deuxième soir du festival Montréal en lumière.

D'entrée de jeu, une bande de spermatozoïdes tout droit sortis d'un classique de Woody Allen (Everything You Always Wanted to Know About Sex...) sont apparus au fond. Neuf figurants affublés de combinaison immaculées, prêts à entonner au gazou l'introduction «instrumentale» de la chanson A Moment With the Last Dinosaur. Tous au service de Liu-Kong Ha, Vincent Legault, Fabrizia Di Fruscia, Frannie Holder.

À l'orée de la foule, Fab a tôt fait de faire sonner son micro. Assise, Frannie est armée de sa voix et ses petites guitares ukulelesques. De manière générale, Frannie assurera la mélodie vocale, Fab émettra la syncope des mots dits pendant que les mecs produiront la majorité des rythmes et notes nécessaires à cette potion de plaisir et de fleur de peau. Jolie mélange de lutherie acoutique, analogique et numérique.

Au milieu de la prestation, nul autre que Pierre Lapointe se pointera afin de reprendre un matériel «un peu hippie», créé de concert avec Random Recipe dans le cadre de la la compilation Haïti mon coeur, pour les raisons qu'on imagine.

Voilà, grosso modo, une pop vitaminée. Pop pondue par des jeunes gens intelligents qui savent mettre leur bon goût au service de leur inspiration. Au programme, des chansons accrocheuses aux titres simples, directs, fédérateurs: Shipwreck, Dangerous, Wonderwoman, Shining Star, I Don't Want To Want You,  Bad Luck et autres Love Love.

Hip hop, soul, samba, synth pop, folk, jazz pop, torch song, rap. Intense, sportif, calin, romantique, passionné, sexuel, sensuel, tristounet, hilare. Féminin, masculin, hétéro, bi, homo, lesbo. Surtout anglo, avec une pointe de franco qui pourrait gagner plus d'espace dans le concerto.

À la fin de cette prestation vitaminée, les gazouistes seront devenus choristes. On nous servira une jolie ballade aux arrangements un peu bonbon, on aura étiré le plaisir que génère un répertoire encore restreint (l'album Fold It ! Mold It !, lancé l'automne dernier) mais ô combien efficace. En guise de conclusion, on aura crevé plein de ballons sur scène... Il va sans dire, on aura observé plein de fans s'éclater.