Oh boy, quelle soirée: il faisait peut-être un quasi-printemps dehors vendredi soir, mais à l'intérieur du Club Soda, c'était plus que l'été, plus que la canicule. C'était  la «miouzik» dans tout ce qu'elle a de torride, d'heureux, d'organique, de fondamental. OK, on se calme, mais pas avant d'avoir précisé que c'était le show de Ben L'Oncle Soul, dans le cadre de Montréal en lumière.

Comment dire? Le jeune chanteur français et sa gang de musiciens impeccables font tout simplement avec âme, si on me permet le mauvais jeu de mots. Encore plus qu'aux dernières FrancoFolies, où on l'avait découvert. Vendredi, le Club Soda rempli à s'en faire craquer les coutures de gens dont la moyenne d'âge voisinait celui du chanteur (26 ans), oui, ce Club Soda vibrait, bougeait, se faisait aller les bras, suivait les chorégraphies imaginées par Ben et ses deux danseurs-choristes en casquette; les couples s'embrassaient goulûment, les autres dansaient comme des malades. Il y avait du Otis (Redding) dans l'air, mais aussi du Janis (Joplin) quand ça déchirait... et tout ça majoritairement en français! Hallucinant.

C'était un spectacle carrément interactif, où tout le monde, tant sur scène que dans la salle, veut simplement se réjouir d'être en vie. Les cuivres, l'orgue, la basse qui fait vrombir les hanches, mais surtout la voix, le grain, le timbre de l'Oncle Ben (Benjamin Duterde de son vrai nom) quand il chante, son humour quand il joue avec la salle, son attitude (la bonne) pour tout le reste, bref, absolument tout conspirait pour faire de cette soirée un spectacle tout simplement mémorable.

Il y avait du gospel, du «barbershop choir», du rhythm'n'blues et de la soul partout, sur les murs, le plancher, les corps, bref du rythme et de la pulsion vitale pendant ce spectacle où tout le disque de ce cher oncle Ben y est passé (de Soulman à Lise, ma préférée!), plus une couple de classiques de  la musique du sud (dont Georgia On My Mind), les fameuses reprises de succès rock en version Oncle Ben (genre Seven Nation Army des White Stripes).

Et tout cela fait dans le plus grand respect du genre, quelque chose comme du professionnalisme au sens noble du terme, avec en plus un raffinement européen. Sans parodier, mais sans se prendre au sérieux. Pour reprendre les mots d'une spectatrice,  «c'est sooooo adorablement kitsch». Et le kitsch, c'est l'art du bonheur. Celui qui régnait au Club Soda. Quand le spectacle s'est terminé, tout dans l'air se résumait en quelques mots : merci, cher oncle Ben. Et reviens. Le Festival de Jazz, c'est dans quatre mois...