Le festival Montréal complètement cirque s'ouvre ce soir avec une nouvelle création de la compagnie australienne Circa. Rencontre avec l'une de ses interprètes, Bridie Hooper, diplômée de l'École nationale de cirque de Montréal.

Elle a grandi dans la ville côtière de Mullumbimby, juste au sud de Brisbane, en Australie, où elle a fait ses premiers pas acrobatiques, avant de fréquenter la célèbre école de cirque The Flying Fruit Fly Circus. À 18 ans, Bridie Hooper a décidé de poursuivre sa formation à l'École nationale de cirque de Montréal.

«C'était mon premier vol outre-mer, raconte l'artiste sur la terrasse de la TOHU. J'avais pris le billet le moins cher avec Air China. J'étais tellement nerveuse. Après neuf heures de vol, je me demandais ce que je faisais, je me trouvais complètement folle. Mais oui, j'étais déterminée à venir à Montréal.»

La jeune femme s'est spécialisée en sangles aériennes et en contorsion, deux disciplines qu'elle a combinées pour créer des figures rarement vues dans le cirque contemporain. «C'étaient deux disciplines que j'adorais et comme je n'avais jamais vu personne les combiner, je me suis lancée», résume l'Australienne, qui se dit emballée de jouer à Montréal.

Bridie Hooper n'a jamais douté qu'elle gagnerait un jour sa vie comme artiste de cirque. «J'ai toujours aimé le caractère à la fois physique et créatif du cirque, détaille-t-elle. Mais aussi les liens d'amitié et de confiance qui se créent parmi les membres de cette communauté-là. C'est assez unique.»

À la fin de sa formation, la jeune Australienne pensait s'installer à Montréal pendant quelques années. Elle s'est même jointe à la troupe de Madelinots Vague de cirque à l'été 2012. Mais le directeur artistique de la troupe australienne basée à Brisbane, Yaron Lifschitz, l'avait déjà dans sa ligne de mire. Après quatre ans, sa vie montréalaise a pris fin.

«Je pense que j'ai toujours voulu travailler pour Circa», avoue Bridie Hooper, qui a connu plusieurs artistes de la compagnie australienne au fil des ans. «À l'âge de 16 ans, j'ai vu leur pièce By The Lights of The Stars That Are No Longer [présentée à la TOHU en 2008]. Ce spectacle-là m'a soufflée, je n'avais jamais vu le cirque de cette façon.»

«C'était surprenant, ajoute-t-elle. Il n'y avait rien de rassurant dans ce spectacle. Je ne pensais pas qu'avec une poignée d'interprètes et des éclairages minimalistes, on pouvait captiver un auditoire. J'ai réalisé qu'au-delà des costumes et du côté tape-à-l'oeil du cirque, au-delà même de la performance, il y avait une dimension humaine au cirque.»

Circa et la TOHU

Au fil des ans, Circa est devenue l'une des compagnies chouchoutes de la TOHU. La troupe australienne a présenté ici au moins six pièces depuis 2008 (dont Wunderkammer, S et Opus). Des pièces acrobatiques finement chorégraphiées, où les interprètes sont constamment poussés jusqu'à la limite de ce qu'ils peuvent faire.

Beyond ne fait pas exception à la règle, selon Bridie Hooper. Mais contrairement aux autres pièces de la compagnie, le directeur artistique a voulu cette fois mettre l'accent sur les numéros individuels plutôt que sur les numéros de groupe, ainsi que sur les appareils de cirque, habituellement exclus de leurs productions. Bridie sera donc aux sangles, ses premières amours!

La pièce Beyond a été créée au Théâtre Chamäleon de Berlin en juillet 2013, où elle a été présentée pendant huit mois avant d'entamer une tournée européenne. Bridie Hooper fait partie de la distribution d'origine, qui compte sept interprètes. C'est ce spectacle joué près de 300 fois que l'on verra à la TOHU, avec deux nouveaux acrobates.

«Il y a des moments où nous sommes tous sur scène, mais c'est un peu le récit de nos voyages individuels, précise Bridie Hooper. Comme les autres spectacles de Circa, il y a une touche d'humour et d'autodérision. Le titre de la pièce, Beyond, est une invitation à aller au-delà de qui nous sommes et de ce que nous faisons, même si c'est parfois dans l'hystérie!»

Donner, donner et donner encore, mais sans nécessairement viser la perfection, voilà le défi qu'a dû relever Bridie Hooper, plutôt habituée à exécuter des figures parfaites à Montréal. «J'ai dû apprendre à vivre des moments d'immobilité, des moments où je prends le temps d'établir un lien avec le public et de montrer mon côté à la fois introverti et extraverti.»

La jeune artiste australienne a un contrat avec Circa jusqu'à la fin de 2016. Après Montréal, elle poursuivra la tournée de Beyond en Australie. Elle fera également partie d'une nouvelle création en préparation et se joindra à l'équipe de tournée d'Opus, qu'on a vu ici plus tôt cette année.

«Je suis vraiment heureuse de faire partie de cette compagnie, dit-elle. En ce moment, je suis complètement passionnée par ce que je fais et je suis trop contente d'être à Montréal!»

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À la TOHU jusqu'au 5 juillet.