C'est à un spectacle de cirque traditionnel à la sauce américaine que nous convie la famille Jenkins de Chicago. Du cirque pas toujours subtil ou gracieux, il faut bien le dire, mais du cirque énergique, avec un DJ beatboxer qui nous met la musique dans le tapis et des danseurs-animateurs qui se trémoussent en tapant des mains du début à la fin.

Les spectacles de Midnight Circus sont présentés chaque année dans les parcs de Chicago, à l'intérieur d'un petit chapiteau bleu et mauve planté pour l'occasion à l'extérieur de la TOHU. On y retrouve Jeff Jenkins, sa femme Julie, leurs deux enfants et même leur chien Junebug. Une douzaine d'autres artistes de cirque les accompagnent.

Voilà l'aspect charmant de ce spectacle familial: celui de voir au moins trois enfants de moins de 10 ans côtoyer des artistes de cirque adultes. Les grands qui font leurs numéros tout en encourageant les petits, qui font leurs premiers saltos, c'est quand même mignon. Qui peut être contre ce beau tableau intergénérationnel?

Mais on s'en rend compte assez rapidement, Small Tent... Big Shoulders n'est pas un spectacle qui réinvente le cirque. Ce qui ne veut pas dire que les numéros sont mal exécutés. Les numéros de sangles aériennes, de rola-bola ou de trapèze sont assez réussis, mais le public montréalais en a vu d'autres, et de plus périlleux.

Certains numéros, assez basic, comme ceux du hula-hoop, des anneaux chinois ou du fil de fer, nous font dire que ce spectacle est, au fond, une belle initiation aux arts du cirque. Car mise à part la mythique Ringling Bros. and Barnum & Bailey, le cirque n'a pas de racines aux États-Unis. Et les petits arbustes qui y poussent sont encore jeunes.

Deux numéros aériens, au mât chinois et au tissu, sortent du lot. La musique synthpop des années 1980 et les rythmes hip hop cèdent leur place à des pièces instrumentales plus sombres. Ces numéros de l'acrobate Aislinn Mulligan sont intéressants, mais ne cadrent pas du tout avec le caractère festif du spectacle.

Les numéros du chien, quant à eux, sont rigolos, mais encore là, mineurs. Et comme dans la plupart des numéros, la musique tonitruante prend trop de place. On comprend l'intention des Jenkins de «faire la fête», mais le cirque y perd au change, incapable de s'exprimer en étant recouvert d'autant de sauce.

Malheureusement, ce spectacle sous chapiteau n'a ni l'âme sensible du Suisse David Dimitri (vu l'an dernier), ni la belle folie des Français de la compagnie Rasposo (venus il y a trois ans). Il reste que cette initiation au cirque a semblé plaire aux nombreux enfants présents pour la première d'hier. C'est déjà ça de pris!

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À l'extérieur de la TOHU jusqu'au 13 juillet.