On ne coupera pas les cheveux en quatre. Barbu: foire électro-trad, troisième spectacle du Cirque Alfonse et deuxième présenté à l'occasion du festival Montréal complètement cirque, frise la perfection drolatique.

La barbe est de retour en force. C'est clair autant dans le Mile End-en-Montréal que dans le village de Saint-Alphonse, dont le Cirque Alfonse est le fier représentant. Dans son spectacle Barbu: foire électro-trad, qui n'a rien de rasoir, soit dit en passant, sévissent sans relâche huit poilus, dont un hamster et deux musiciens, ainsi que trois imberbes jeunes femmes.

La joyeuse famille Carabinier et ses amis trouvent dans cette formule cabaret le parfait exutoire à leur folie créatrice coulée dans le sirop d'érable 100% pur. Enfin, presque: la troupe a deux complices d'un autre poil cette fois, suédois (Matias Salmenaho) et français (Jacques Schneider). Cette soirée canadienne d'antan doit beaucoup à la polyvalence de ces deux hurluberlus qui n'hésitent pas à se mettre à poil pour faire rire.

Pas de cabane en bois ni de soupe aux pois, comme dans Timber!, mais un spectacle sans temps mort qui fait rire la foule à s'en arracher les cheveux. Ça décoiffe, ça défrise, bref, la joie du poil est la même pour tous.

On se tire la barbichette à la va-comme-je-te-pousse en patins à roulettes au début et on termine par un jeu de tarte à la crème à raser! Les numéros de bicyclette, planche sautoir, mât chinois, magie et main à main sont les plus réussis et d'autant plus admirables qu'ils se déroulent à quelques barbes de notre visage.

L'énergie contagieuse de la troupe et l'imparable musique électro-trad font de ce spectacle une véritable bombe de bonne humeur. Il y a bien un numéro de contorsion-lutte dans la boue entre les deux femmes du groupe qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais ce moment étrange ne dépareille pas un menu, somme toute, pas bien gras.

C'est comme si le Cirque Alfonse transportait le Québec de Louis Cyr, avec ses hommes forts et ses kermesses frôlant le surréel, ses numéros de magie et de fakir, à notre époque numérique, avec tout ce que ça peut trimballer de déjanté.

Imaginez, entre autres, le son d'un ruine-babines sur fond de scratchs technoïdes, comme dirait le confrère Alain Brunet, ou encore des vidéos bucoliques de champs, fleurs, lacs et forêts projetés durant tout le spectacle.

C'est d'un kitsch assumé et d'un quétaine surligné, mais tout est fait dans l'humour le plus bon enfant qui soit. Et c'est bien comme ça qu'on les aime, nos barbus.

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Barbu: foire électro-trad est présenté jusqu'au 12 juillet au Théâtre Telus.