Ce n'est pas la première fois qu'on intègre les arts numériques au cirque, un procédé qu'on a vu entre autres dans iD, d'Éloize ou encore dans A Muse des 7 doigts de la main... Mais l'artiste multidisciplinaire Héloïse Depocas a poussé la formule un peu plus loin avec ses projections à 360 degrés conçues pour sa pièce acrobatique Ironworkers Local 777, une performance de tous les dangers qui rend les mains moites.

Il faut dire que le dôme de la SAT était le lieu idéal pour projeter ces images de gratte-ciel dans lesquels quatre artistes de cirque se fondent littéralement. La scène circulaire est dominée par une structure métallique qui sert à exécuter bon nombre de numéros de ces «travailleurs aériens» qui ont certaines affinités avec les circassiens. Leur mise en danger est constante et crée des tensions palpables dans la salle.

Le résultat est intéressant, même si les projections ne sont pas toujours en adéquation avec les numéros ou le jeu des acrobates. Cela dit, on apprécie tout le potentiel de cette performance conditionnée par l'environnement visuel. Dans certaines scènes particulièrement réussies, les ombres des acrobates s'intègrent parfaitement au mobilier urbain numérique, créant des images très fortes.

Des acrobates d'exception

La trame narrative est minimale mais claire. Dès la première scène, un tremblement de terre fait s'écrouler les bâtiments d'une ville, éjectant les travailleurs d'un édifice en construction dans le vide. Un effet de déconstruction impressionnant. La suite ne peut être que la réincarnation de ces hommes et de ses femmes, qui renaissent de leurs cendres pour nous faire ressentir le danger des hauteurs.

Les numéros sont assez remarquables. Il faut dire qu'Héloïse Depocas a recruté des artistes exceptionnels, parmi lesquels Will Underwood et Héloïse Bourgeois, deux spécialistes de main à main et de mât chinois, qui ont notamment brillé dans les pièces Traces et PSY des 7 doigts de la main. Le couple nous livre ici un duo de mât chinois extrêmement inventif, avec une agilité et une force inouïes.

Moins impressionnants, leurs deux acolytes sont tout de même très habiles. Alexis Vignault fait un magnifique numéro de twirling bâton, mais en manipulant à la manière d'un samouraï une puis deux longues clés anglaises. Laurence Racine, elle, fait un très beau duo de sangles avec Héloïse Bourgeois et plusieurs numéros dansés joliment chorégraphiés avec Alexis.

La scène finale vous paralysera. Je ne veux pas vendre la mèche, mais les quatre artistes téméraires s'amusent à se lancer des défis qu'ils exécutent sur une poutre métallique suspendue dans le vide. On a envie de leur demander de laisser tomber, de leur dire que ce n'est pas important, les défis... Nul doute, le sentiment de danger se rend bien jusqu'à nous. Chose certaine, on va suivre cette compagnie, Fabrique Metamorphosis.

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Ironworkers Local 777, jusqu'à samedi à la Société des arts technologiques (SAT).