La scène d'ouverture de cet ésotérique Voyage d'hiver est le reflet assez précis de ce que l'on verra pendant les 75 minutes qui suivront.

Un monticule d'objets épars est déposé sur le parterre de la scène, où errent six personnages. La raison d'être de cet amas d'objets? Une rupture amoureuse où les protagonistes ne savent plus qu'est-ce qui appartient à qui. L'image est belle et forte. Et on se dit qu'il y a là le début d'un fil rouge... 

Mais les 24 tableaux de ce Voyage d'hiver, une référence aux 24 lieder (poèmes chantés) de la pièce éponyme Die Winterreise de Schubert, vont dans tous les sens. 

Durant ce Schubert, une équilibriste contorsionniste traverse la scène en avançant dans des sceaux remplis d'eau. Une très belle scène magnifiée par les éclairages de Francis Hamel. Mais les changements de ton qui suivront seront brusques. De Gainsbourg aux Beach Boys, en passant par Caetano Veloso, il y a une constante: l'absence d'unité.

Ce spectacle conçu par Anna Ward et Benoît Landry, deux artistes remarquables qui ont joué dans Rain, du Cirque Éloize, est un objet bien curieux. Théâtre d'abstraction et de contemplation, Le voyage d'hiver est une succession de tableaux vivants, dans lesquels se meuvent des acrobates. Dans un spectacle où le cirque est absent.

Dans ce capharnaüm d'objets et d'idées, on retiendra plusieurs belles images comme celle de ces trois filles qui se trempent la tête dans un grand bassin d'eau; celle de cette artiste accrochée par le chignon qui tourne sur elle-même; ou encore celle où les six personnages appuyés sur leurs têtes font une très belle chorégraphie avec leurs jambes.

Ce Voyage d'hiver demeure un exercice de style intéressant, mais expérimental et imparfait. On retient de tous ces personnages leur désir de prendre racine, mais l'ensemble manque de cohérence. On regrette aussi d'avoir vu si peu sa conceptrice Anna Ward, une artiste aérienne exceptionnelle. 

À L'Espace GO jusqu'à mercredi.