Le festival Montréal complètement cirque présente cette année trois spectacles de clowns qui proviennent d'univers complètement différents - deux d'entre eux s'adressent d'ailleurs à un public adulte. Ces trois artistes du rire ont répondu aux questions de notre journaliste Josée Lapointe.

Arletti, théâtre clownesque

Le personnage d'Arletti a été créé il y a une vingtaine d'années en France par la comédienne Catherine Germain et le metteur en scène François Cervantès. Six spectacles ont été montés depuis sa naissance, et Le 6e jour, qu'on pourra voir pendant le festival, est le deuxième de la série.

Q : À quoi ressemble votre spectacle?

R : Arletti est toujours en décalage avec la vie. Dans ce spectacle, elle a un désir très grand de l'autre. Elle s'est emparée d'un cartable qui appartenait probablement à un conférencier et elle se rend dans un amphithéâtre. Alors, elle se fait passer pour une conférencière, mais elle ne sait pas du tout comment on fait ça, ni de quoi elle doit parler. Il se trouve que le sujet est la création du monde. Mais elle ne sait rien, elle a juste envie de rentrer dans la lumière.

Q : Quel genre de clown êtes-vous?

R : Arletti est un clown paillasse, un clown auguste qui est dans la difficulté de comprendre, qui découvre la vie avec son décalage et sa maladresse. Il ne sait pas, il ne conduit pas l'intrigue. Mais je ne me considère pas comme un clown. Je fais partie d'une compagnie de théâtre où le clown est arrivé comme une découverte assez fondamentale, qui a changé notre façon de voir notre travail. Mais je ne suis pas clown tout le temps.



Le 6e jour, à l'Espace libre du 12 au 14 juillet. Pour tous.

Ludor Citrik, maître du désordre



Le clown Ludor Citrik est né au tournant de l'an 2000. «Je trouvais que la fin du monde était un bon moment pour créer quelque chose», dit son interprète, Cédric Paga. L'artiste français promène donc son personnage corrosif depuis 13 ans et vient nous présenter Qui sommes-je?

Q : À quoi ressemble votre spectacle?

R : Je fais naître un clown dans un monde qui n'est pas le sien et je le mets face à un éducateur qui va lui apprendre les bonnes règles, lui infliger la morale. C'est une écriture plus politique que mes précédents spectacles. On se demande: c'est quoi éduquer, c'est quoi les bonnes manières, qu'est-ce que sont les normes et la marge? Mon premier spectacle était plus une politique de l'intime, un cri d'amour. Ludor disait: aimez-moi malgré ma laideur...

Q : Quel genre de clown êtes-vous?

R : L'étiquette trash me poursuit. C'est vrai qu'à un moment, j'ai beaucoup travaillé avec des éléments de boucherie... Dans Qui sommes-je?, j'ai voulu réactualiser ce que peut être le duo traditionnel du clown blanc et de l'auguste, à cause du rapport à l'autorité. Je dirais donc que je ne fais pas toujours le même type de clown et que ça dépend de ce que j'ai à dire. Mais il y a des choses qui reviennent, une sorte d'impertinence, un débordement. J'aime bien les débordements!

Qui sommes-je?, au Théâtre de Quat'Sous du 5 au 7 juillet. 15 ans et plus.

Pugilatus, philosophie de vie



La compagnie espagnole Escarlata Circus existe depuis 25 ans et présente autant du théâtre de rue que des spectacles sous chapiteau et en salle. Pugilatus se déroule sur un ring, et c'est là que Jordi Aspa et son partenaire Piero Steiner mènent le combat de la vie dans la peau de leurs personnages.

Q : À quoi ressemble votre spectacle?

R : Le combat est utilisé comme métaphore de la vie: il y a un entraîneur et un boxeur, mais c'est seulement un moment du spectacle. Le spectacle présente deux amis qui pourraient être copains ou frères, qui se trouvent dans des situations qui pourraient sembler surréalistes, mais qui en fait sont très normales et auxquelles tout le monde peut s'identifier. La scène est un ring, donc nous devons bouger tout le temps.

Q : Quel genre de clown êtes-vous?

R : Notre spectacle est une espèce d'évasion du monde, on s'échange des choses, on s'imprègne l'un de l'autre, et notre clown sort à la fin. Nous sommes très naïfs. Le clown est un personnage très fragile, et nous essayons de trouver cette fragilité constante du personnage sur scène, qui ne sait pas ce qu'il fait.

Pugilatus, à l'Espace libre du 7 au 9 juillet. À partir de 15 ans.