Si Le music-hall de la Baronne s'inspire des cabarets français des années 20 et 30, le spectacle sera «résolument moderne», précise le metteur en scène Denis Bouchard.

«On n'est pas dans la nostalgie, on est plus dans la réinterprétation de cet univers. C'est surtout l'aspect familial qui nous intéressait, le côté grand déploiement et la possibilité de toucher à plusieurs disciplines.»

Et comme dans tous les bons spectacles de variétés, celui-ci sera composé de personnages rocambolesques, de numéros de cirque spectaculaires et de musique «de A à Z». Les concepteurs nous en parlent.

GENÈSE

C'est le comédien Rémy Girard qui a eu l'idée de concevoir un music-hall avec le Cirque Éloize. Il raconte comment est née la Baronne. « Au milieu des années 70, nous étions une petite équipe d'artisans de théâtre à Québec qui avions fondé un café-théâtre, le Théâtre du Vieux-Québec. Dans une de nos créations, nous avions créé un spectacle de cabaret basé sur le cabaret allemand des années 30. La Baronne était la propriétaire fictive du lieu et le dirigeait d'une main de fer. J'ai repris l'idée de ce personnage en le transposant dans le milieu du music-hall, un genre qui donne plus dans la variété, plus près du monde du cirque. J'ai toujours aimé cet univers où se côtoient les clowns, les chanteurs, les danseurs, les dresseurs, jongleurs, acrobates et amuseurs de toutes sortes.»

PERSONNAGES

Une galerie de personnages colorés forme le corps du spectacle. À commencer par la Baronne elle-même, femme «sans âge» à laquelle ses créateurs ont donné une vie antérieure: originaire d'Ouzbékistan, ancienne dompteuse de fauves, elle a monté toute seule ce cirque dont elle est la patronne absolue. «C'est une main de fer dans un gant de velours. Et encore, le velours a pas mal de crampons!», rigole Denis Bouchard.

À ses côtés, on retrouve sa nièce Désirée, jouée par Geneviève Beaudet, «une jeune femme qui a des problèmes existentiels de toutes sortes et qu'elle essaie de recycler comme serveuse, avec plus ou moins de succès. En fait, elle est pourrie. Très mauvaise.»

La Baronne s'est aussi déniché un homme à tout faire en Uruguay, Manu, à qui elle a subtilisé le passeport. «On en a fait un personnage clownesque, interprété par le clown belge Emmanuel Guillaume.»

Viennent compléter ce tableau le chef d'orchestre monsieur Fernand, «qui joue de la musique tant que son verre de scotch est plein. S'il est vide, il arrête de jouer». Et bien sûr le maître de cérémonie incarné par Renaud Paradis, que la Baronne a recruté dans le bar de travestis de l'autre côté de la rue, le Golden prépuce... «Il est toujours en train de réclamer son salaire parce que ça fait des mois qu'il n'a pas été payé.»

NUMÉROS

Jeannot Painchaud a composé sa troupe d'un mélange d'artistes habitués d'Éloize et de numéros venus de l'étranger. «Je trouve toujours important de choisir des numéros qu'on n'a jamais faits avant.»

Éloize présentera pour la première fois un numéro de balle rebond avec une technique très rapide. «J'ai aussi un duo de Finlandais qui font de l'antipodisme. C'est-à-dire que la fille jongle avec des objets sur ses pieds pendant qu'elle est portée par son porteur.»

Qu'ils soient nouveaux ou traditionnels, Jeannot Painchaud a voulu trouver une nouvelle énergie pour chaque numéro, les sortir de leur cadre. «C'est plus osé, plus franc. Et plus dénudé dans certains cas.»

MUSIQUE

Le music-hall de la Baronne est porté d'un bout à l'autre par la musique, composée en grande partie d'oeuvres originales écrites par le directeur musical Jean-Fernand Girard, qui sera sur scène - monsieur Fernand, c'est lui! - avec un autre musicien. «Les artistes de cirque ont souvent des routines très précises avec leur propre choix musical, explique Denis Bouchard. Nous, on a essayé de les faire sortir de ça en les faisant travailler avec de la musique live. Des fois aussi ce n'était pas possible, alors on a gardé des musiques et chansons préenregistrées.» De Roxanne de The Police à Mon homme de Mistinguett - interprétée par la Baronne -, les styles musicaux seront variés. Ceux des oeuvres originales aussi. «Parfois c'est jazzé, parfois c'est des super ballades, c'est moderne ou nostalgique. Il n'y a pas qu'une seule facture et ça dépend vraiment des numéros.»