Pour célébrer les 20 ans du Cirque Éloize, le festival Montréal complètement cirque lui a proposé de coproduire un spectacle expressément pour l'événement. C'est ainsi qu'est né le spectacle de variétés Le music-hall de la Baronne, présenté à l'Olympia pendant toute la durée du festival qui prendra son envol mercredi.

«On a voulu un spectacle festif, décontracté et décomplexé, explique le directeur artistique du spectacle et fondateur d'Éloize, Jeannot Painchaud. Un moment de plaisir partagé avec le public montréalais, une série de soirées où on peut boire, manger et s'amuser.»

Jeannot Painchaud l'avoue: Le music-hall de la Baronne amène Éloize ailleurs et ne ressemble à rien de ce qu'a déjà fait la compagnie depuis sa fondation il y a 20 ans. Le public, qui devrait reconnaître la signature d'Éloize, sera aussi étonné.

«Oui, et c'est tant mieux. Le piège que j'ai toujours voulu éviter, c'est de «m'encarcaner» et de faire le même style de spectacle ad vitam aeternam. L'idée est donc encore une fois de faire éclater les frontières.» Et de se mettre en danger. «Ah ça, j'y prends goût!, dit Jeannot Painchaud en souriant. J'aime surprendre et arriver avec quelque chose auquel on ne s'attend pas.»

Cette fois, avec ce mélange de personnages extravagants et burlesques, de numéros de cirque éclatés et de musique en direct, Éloize fait dans les variétés pures. «C'est pour ça qu'on a voulu une scène petite, pour obliger les artistes à travailler très près du public, à le toucher même. On fait vraiment tomber le quatrième mur.»

Le concept de music-hall s'est imposé d'emblée dans la tête de Rémy Girard et de Denis Bouchard, deux complices de longue date qui ont écrit le spectacle ensemble, et dont Denis Bouchard assure la mise en scène. «En fait, je ne sais plus qui a écrit quoi exactement...», lance Denis Bouchard.

Variétés

Les deux comédiens, qui voulaient faire un vrai spectacle de variétés, ont ainsi inventé cette histoire d'une troupe de cirque dirigée d'une main de fer par la Baronne et peuplée de plusieurs personnages - une serveuse maladroite, un homme à tout faire clownesque... Ce monde théâtral très défini intervient ainsi dans celui du cirque et devient «le fil rouge du récit», souligne Jeannot Painchaud, qui a sélectionné les numéros de cirque pour leur diversité et la possibilité de les intégrer dans cet univers.

«Il fallait une trame dramatique, sinon ça ne devient qu'un défilé de numéros», souligne Denis Bouchard. Le metteur en scène s'est d'ailleurs amusé à faire sortir les artistes de cirque de leur zone de confort.

«Par exemple, il y a un gars qui fait des sangles, raconte Denis Bouchard. Il est remarquable. Je lui ai demandé: es-tu capable de faire ça avec des piles de corps morts partout? Ou la roue allemande, elle est trop grosse pour entrer sur notre pastille. On a demandé au gars s'il était capable de travailler sur une circonférence de 10 pieds... et il a dit oui. Ça oblige à trouver des choses.»

Denis Bouchard, qui aime le mélange des genres et estime que «la rencontre entre les arts est toujours riche et fascinante», implique vraiment tout le monde dans le spectacle. Seulement quinze personnes y jouent, dont deux musiciens, pour huit numéros de cirque et une douzaine de numéros de variétés. «Tout le monde est extrêmement polyvalent.»

Photo Robert Skinner, La Presse

Nouvelle ère

De son côté, après son cycle théâtral et son cycle chorégraphique, Jeannot Painchaud ne sait pas si Le music-hall de la Baronne est le début d'une nouvelle ère au Cirque Éloize. Mais il sait que ce spectacle est une sorte de retour au cirque traditionnel par son côté spontané et ludique. «J'avais voulu faire ça aussi avec iD, retrouver mes origines d'amuseur public et l'énergie du cirque à travers les gens du hip-hop.»

Pour celui-ci, il se réfère davantage à l'esprit de fête et rassembleur des soirées de sa jeunesse aux Îles-de-la-Madeleine. «Il y aura ce côté festif des partys de famille, quand tout le monde chantait autour du piano. C'est la Baronne qui nous reçoit chez elle et qui nous invite à découvrir de l'inusité et de l'inattendu. On va rire, festoyer et «triper» sans se prendre la tête.»

Photo Robert Skinner, La Presse