Que serait un festival de cirque sans ses clowns? Même si oui, parfois, ils sont lourds... Des clowns capables de ragaillardir notre amour-propre tellement ils sont sots et maladroits. Mais aussi capables de nous attendrir par leur poésie, et même, parfois, de nous faire rigoler. J'en ai pour preuve mon jeune voisin, qui a ri de bon coeur durant une bonne partie du spectacle.

En tout cas, hier soir, au Lion d'Or, les amateurs d'art clownesque étaient servis avec le programme double mettant en vedette Philippe Trépanier, avec son premier spectacle solo, Clip!, suivi de son aîné, un des premiers clowns québécois, Rodrigue «Chocolat» Tremblay, qui a créé un nouveau spectacle baptisé Maestro.

Avec Clip!, Philippe Trépanier a ouvert la soirée avec son numéro d'homme d'entretien ou de concierge, qui doit préparer une salle où doit avoir lieu une conférence internationale. Évidemment, notre employé multiplie les maladresses, trébuche, se cogne la tête, glisse, tombe. Comme dirait l'autre, il s'arrange pour que ça aille mal...

Ce personnage sans nom n'est pas sans rappeler les célèbres frasques de Charlie Chaplin dans Le Cirque, autant dans sa gestuelle que dans ses gags. Comme Charlot, Philippe Trépanier, qui rêve de faire du cirque, s'avérera très habile. Pour un premier spectacle solo, on peut dire qu'il se tire bien d'affaire, malgré quelques blagues convenues, qui ne font pas rire.

Maestro

Rodrigue «Chocolat» Tremblay, dans un style très différent, arrive sur scène avec un bouquet de ballons et tout plein de bidules dans sa besace. Il fait un petit numéro à la guitare, en s'adressant directement au public, faussement sympathique... C'est chez lui qu'il nous amène ensuite, tanné de faire le clown. Avec ses angoisses, ses délires et ses temps morts.

Là, un accordéon accouche d'un tout petit accordéon. Ici un harmonica s'anime, Rodrigue Tremblay fait la démonstration de son incroyable présence sur scène. Notre clown s'occupe aussi de son jardin, de ses animaux de compagnie, bref, il nous donne à voir la vie de clown loin de la scène. On s'aperçoit rapidement que dans la vie, on est clown ou on ne l'est pas. Lui, il l'est, c'est clair.

Mais plusieurs scènes s'étirent indûment, le clown s'écartant dans de longs moments de dialogues intérieurs et de silences. Chocolat joue pourtant magnifiquement et sait entraîner une foule. Ses instruments inventés sont ingénieux et portent en eux une douce poésie. Au lieu de miser sur cette grande force, il saute du coq à l'âne, passant d'un propos grave sur la vie d'artiste (semant les enfants), à une incarnation de poulet qui pond ses oeufs...

Entre toutes ces digressions et cet humour absurde, Maestro s'éparpille un peu. Dommage.

Jusqu'à jeudi au Lion d'Or.