Le petit chapiteau de Vague de cirque était bondé hier soir pour la première de cette nouvelle création baptisée Carrousel et cordes à linge. Un spectacle familial avec plusieurs très bons numéros de cirque, animé avec beaucoup de talent par un maître de piste aux allures de dandy, qu'on avait également vu dans Cabotinage l'automne dernier.

Dès l'ouverture du spectacle, c'est lui qui tonne le ton, avec ses numéros clownesques. Il faut dire qu'il a toute une tête ce Gregory Lackovic, magicien à ses heures, qui joue sur son physique de grand sec, un peu maladroit. Petit à petit, il cède sa place aux huit interprètes, qui font leur apparition sur la scène avec un numéro de main à main et de banquine. La suite est un enchaînement de numéros acrobatiques.

Ces numéros sont tous livrés avec une touche d'humour. Noémie Gervais, la cofondatrice de la troupe, y va d'un numéro aérien assez original où en lieu et place d'un trapèze, elle multiplie les figures aériennes sur un cheval de carrousel qui monte et qui descend. Un numéro à vélo et un autre avec des unicycles (les uns plus grands que les autres), contribuent à créer cette ambiance de cirque traditionnel que souhaitaient les créateurs.

Mais toute la première partie du spectacle, qui se termine par un très beau numéro de sangles aériennes, exécuté par la contorsionniste Bridie Hooper, est mal servie par une musique ronflante, aux rythmes répétitifs qui tombent à plat. Dommage, parce que les numéros en eux-mêmes sont, pour la plupart, parfaitement maîtrisés. Mais il faut bien le dire, ces choix musicaux douteux auraient plombé la plus éblouissante des performances.

Les numéros présentés durant la deuxième partie sont heureusement accompagnés de pièces plus entraînantes et mieux adaptées, qui  nous sortent un peu de notre léthargie. C'est le cas du duo de jonglerie de Raphaël Dubé et Yohann Trépanier; ou encore du numéro de planche sautoir, jubilatoire. À ces éclaircies s'ajoutent les numéros comiques ou insolites (comme lorsque la contorsionniste  allume la cigarette du maître de piste avec son pied). Pareil pour le très beau duo aux sangles d'Alexis Trudel et Catherine Audy.

Il reste que si Vague de cirque nous offre un très généreux spectacle, mené rondement par de jeunes artistes de cirques hyperdoués, qui proviennent cette fois de l'École nationale de cirque de Montréal et de l'École de cirque de Québec, on ne peut pas encore dire que cette troupe originaire des Iles-de-la-Madeleine a une personnalité qui lui est propre ou une identité forte. La vérité, c'est qu'on a un peu l'impression d'assister à un très bon cabaret familial, où les numéros pourraient être interchangeables.

L'automne dernier, c'était trois des membres fondateurs du Cirque Alfonse qui étaient les vedettes de Cabotinage. Cette fois, ce sont de jeunes artistes des écoles de cirque qui brillent. Mais à quoi reconnaît-on Vague de cirque? Oui, son chapiteau, oui son maître de piste, mais l'âme de Vague de cirque est diffuse. Espérons qu'avec la tournée de Carrousel et cordes à linge, les interprètes tisseront des liens plus forts, d'abord entre eux, mais surtout avec leur public.

Jusqu'à dimanche sur le terrain de la TOHU.