Les deux troupes françaises qui sont à Montréal ce week-end à l'occasion de Montréal complètement cirque démontrent un goût prononcé pour les mariages entre les disciplines. Avec Jamais 2 sans 3, le trio Triples croches propose un joyeux mélange de musique klezmer et de numéros de cirque. De son côté, la compagnie Chute libre intègre le mât chinois dans un spectacle de danse hip-hop, La cuisine de Pan.

La cuisine de Pan : le grand défoulement

L'essence de La cuisine de Pan, de la compagnie française Chute libre, est la danse hip-hop. Mais le chorégraphe, metteur en scène et danseur Pierre Bolo voit d'un bon oeil sa présence dans un festival de cirque.

Q : Est-ce un spectacle de danse ou de cirque?

R : De danse d'abord. Les interprètes sont des danseurs hip-hop, il y a un circassien qui fait du mât chinois, en plus de plusieurs acrobaties liées à la danse. Mais ça nous va très bien d'être invités dans un festival de cirque, c'est même un honneur. Le cirque et la danse hip-hop sont deux univers qui se mêlent très bien, dans la physicalité, l'écriture poétique, la performance.

Q : Qu'allez-vous faire dans la cuisine du titre?

R : Nous allons un peu beaucoup la saccager! Le spectacle démarre lentement, comme si on venait de se lever, puis on se réveille et l'action commence, les gens sortent du frigo... Il y aura beaucoup de va-et-vient avec des portes battantes.

Q : Pourquoi avoir choisi la cuisine comme décor?

R : La cuisine est une pièce qui parle à tout le monde, mais dans ce spectacle, le quotidien est décalé. Cette pièce est aussi pour moi le symbole de l'intimité, le ventre, les tripes, la tête. Ce spectacle est d'ailleurs le troisième d'une série sur l'intériorité, après le living-room et le jardin. Chaque fois, l'idée était de mettre le lieu à l'envers. Ce que j'aime, c'est créer des atmosphères et proposer des univers.

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La cuisine de Pan, à l'Usine C, demain à 19 h, dimanche à 16 h et 19 h, et lundi à 19 h.



Jamais 2 sans 3 : la richesse de la musique

Musique vivante et cascades sont à la base de Jamais 2 sans 3, et les trois membres de Triples croches sont aussi habiles avec le monocycle et la jonglerie qu'avec un sax ou une clarinette. Nous nous sommes entretenus avec un des membres du groupe, Arnaud Landoin.

Q : Est-ce un spectacle de musique ou de cirque?

R : Les deux. Nous sommes tous diplômés d'une école de cirque. Mais comme nous étions déjà un peu musiciens, nous avons décidé de nous spécialiser et de créer un spectacle avec de la musique vivante. Mathieu joue du saxophone et de la guitare, Gregory, de la clarinette et moi, de la guitare et de la contrebasse. Ça donne une autre couleur et une grande richesse aux numéros de cirque, auxquels on a ajouté un niveau clownesque.

Q : Y a-t-il une trame narrative dans le spectacle?

R : Il y a une certaine évolution entre les personnages. Nous parlons surtout des rapports de force entre le chef d'orchestre et ses musiciens, entre dominant et dominés.

Q : À quel genre d'ambiance doit-on s'attendre?

R : C'est un spectacle burlesque, axé sur le comique de situation et beaucoup de cascades! En fait, tout le long, il n'y a que des accidents... Avec la musique des Balkans, ça donne un univers très coloré qui s'inspire du cinéma muet. On fait ce spectacle depuis trois ans et on s'amuse encore. Je pense que c'est ce qui plaît aux gens: on fait des trucs qu'ils n'oseraient jamais se permettre!

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Jamais 2 sans trois, au Studio B de l'édifice Guy-Gagnon à Verdun, aujourd'hui et demain à 20 h, et dimanche à 15 h.