La première de Carrousel et corde à linge, quatrième création sous chapiteau de la jeune troupe Vague de cirque, aura lieu le 6 juillet à la TOHU. Un spectacle très différent de Cabotinages, présenté l'automne dernier, qui alliera numéros de cirque traditionnels et jeu clownesque.

La vie était facile pour Noémie Gervais et Alain Boudreau qui, depuis leur sortie de l'école, sillonnaient le monde dans les meilleurs cirques québécois avec leur numéro de main à main. Mais fatigués de voyager à l'extérieur du pays, ils ont décidé de fonder leur compagnie, Vague de cirque, et d'installer leur chapiteau de 200 places dans des régions du Québec peu habituées à ce genre de visite. «C'est pour ça qu'on est rendus à notre quatrième création en quatre ans, explique Noémie Gervais. Nous voulions y retourner chaque année avec un spectacle différent, pour fidéliser le public.»

Jouant surtout dans l'est de la province, Vague de cirque fait figure de pionnier: contrairement à l'Europe, l'arrivée d'un chapiteau aux Îles-de-la-Madeleine ou à Sainte-Anne-des-Monts est inusitée. Résultat: les infrastructures y sont inexistantes. «C'est vrai qu'on s'est mis dans le trouble!», rigole Noémie en racontant la galère de ces premières années. Regrettent-ils leur choix? «Non... Ben des fois, oui! C'est vraiment plus de boulot qu'on pensait.»

Le pire est passé cependant: on les regarde de moins en moins avec méfiance, et leur logistique de tournée est meilleure. Surtout, ils éprouvent une réelle satisfaction à faire découvrir le cirque contemporain. «Quand on a monté notre chapiteau à Gaspé, les gens cherchaient les éléphants. Je ne m'attendais pas à devoir expliquer ça à 1000 km de Montréal, qui se dit la capitale mondiale du cirque.»

Le goût de jouer

Pour faire partie de Vague de cirque, il faut avoir un talent exceptionnel «On fonctionne seulement aux coups de coeur!» et le goût de jouer autant que de performer. Mais il faut aussi être attiré par la vie de tournée, vouloir conduire une caravane, tenir un bar, monter un chapiteau... «Si ton idée est de faire le Cirque du Soleil en sortant de l'école, ce n'est pas la bonne place. Mais plein d'artistes ont le goût de ce côté aventure.»

Presque tous les membres de la troupe sont nouveaux pour Carrousel et corde à linge, qui raconte l'histoire d'une troupe désorganisée rêvant «de faire un spectacle de cirque à l'ancienne, joli, propre, romantique, explique la metteure en scène Christine Rossignol. Mais ils n'arrivent pas à tenir leur pari parce qu'ils sont une bande d'imbéciles et que la réalité les rattrape.» Elle met ainsi le jeu clownesque de l'avant «parce que c'est un travail sur l'humain, nos dérapages, nos maladresses... Qui ne sont pas si graves d'ailleurs dans le monde des clowns, puisque leurs catastrophes se limitent à s'enfarger dans leur joie de vivre.»

La metteure en scène, qui travaille avec Noémie Gervais et Alain Boudreau depuis leurs débuts, a voulu créer un spectacle plus près du théâtre que de la danse, un des courants du moment dans le monde du cirque. Mais la technique ne sera pas occultée, assure-t-elle. Mât chinois, main à main, sangles aériennes, monocycles, banquine, contorsion, magie: les disciplines sont nombreuses et exécutées par des virtuoses. «Il y a d'ailleurs quelque chose de spectaculaire à voir quelqu'un qui réussit sa routine parfaitement, et qui est complètement perdu ensuite!», souligne Noémie Gervais.

Tout de suite après les quatre représentations de Montréal, la troupe partira en tournée jusqu'au 30 octobre, d'abord aux Îles-de-la-Madeleine, puis dans le Bas-du-Fleuve, en Gaspésie, dans Charlevoix pour la première fois... «Mais ce spectacle est là pour durer. C'est le premier qu'on aimerait amener en Europe, surtout pour remplir l'hiver.» Mais l'idée de repartir toujours à l'étranger, comme les 7 doigts ou le Cirque Éloize, ne fait pas partie des plans. «On l'a déjà fait. Si on est revenus au Québec, c'est aussi parce qu'on a de jeunes enfants et on veut qu'ils soient élevés ici. Et puis, on ne veut pas avoir fait tout ça pour rien: il faut que ça serve à quelque chose.»

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Carrousel et corde à linge, sous chapiteau à la TOHU, du 6 au 8 juillet.