Des directeurs d'associations de cirques d'Argentine, d'Espagne, de Finlande, de Belgique et d'Australie se sont réunis hier matin à l'invitation d'En piste, regroupement canadien des arts du cirque, dans le but de créer une plateforme d'échanges permanents. Les discussions se poursuivent aujourd'hui et demain.

«Ça regarde très bien, a indiqué la directrice générale d'En piste, Suzanne Samson, qui profite bien sûr de la présence de nombreux acteurs du monde du cirque présents au festival Montréal complètement cirque pour lancer cette initiative. Au fond, ce sont des rencontres exploratoires qui visent à créer un cadre d'échanges formels ou non sur des enjeux communs, notamment sur les écoles de loisirs et la formation continue.»

Former les jeunes

Une des préoccupations d'En piste porte en effet sur la rareté des écoles préparatoires, passages obligés (et souhaités) pour des jeunes qui s'orienteront éventuellement vers l'École nationale de cirque. «L'École de cirque de Verdun est un bon exemple d'école de loisir, capable de former des jeunes, mais elle est assez mal nantie, estime Suzanne Samson. Il faut absolument renforcer ces programmes en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs.»

Serait-il envisageable de voir naître une école primaire et secondaire à vocation, comme l'École FACE avec son programme axé sur les beaux-arts? Ou comme on en trouve en Australie avec The Flying Fruitfly Circus, une école avec un programme à temps partiel sur les arts du cirque? «Chaque pays doit trouver sa formule, répond Mme Samson. Mais nous devons réfléchir aux meilleures pratiques pour former nos jeunes. Toutes ces questions font partie des échanges que nous souhaitons avoir.»

Le directeur de l'École nationale de cirque, Marc Lalonde, est tout à fait favorable à l'émergence d'écoles préparatoires. «L'École nationale a toujours milité pour la présence dans toutes les régions du Québec de programmes de pratique amateur de cirque dans les écoles. Pour initier les jeunes aux arts du cirque et pour à la longue former un public de cirque. C'est un prérequis pour mettre en place des programmes particuliers dans les écoles, pour préparer les jeunes à une formation supérieure.»

Selon lui, le plus grand frein à la généralisation d'un service de loisir en cirque est le coût relié à la pratique de cette discipline, par rapport aux autres disciplines artistiques. Mais Marc Lalonde dit avoir espoir que le cirque soit un jour considéré comme un art à part entière, et soit aussi accessible que la danse ou la musique. «Le cirque est une solution de rechange intéressante aux disciplines sportives, mais c'est aussi une forme d'art unique.»

Autres préoccupations

Parmi les autres sujets qui seront abordés par les représentants de ces associations, outre la formation continue, il sera question de la transition de carrière des artistes-acrobates, mais aussi des questions de sécurité liées à leur travail, à l'empreinte écologique des spectacles, etc.

«Il y a un grand nombre de sujets que nous voulons aborder, dit encore Suzanne Samson. L'idée est de créer une communauté de travail et d'échanges d'informations, et pourquoi pas une base de données commune avec tous les artistes de cirque qui se produisent partout dans le monde?»

Entamées dans un premier temps avec la Maison du Cirque de Belgique, les discussions avec En piste, qui réunit au Canada plus de 350 artistes de cirque, directeurs de compagnies, producteurs et diffuseurs se veulent inclusives. «Nous parlons de cirque contemporain, mais cela n'exclut pas les cirques traditionnels, qui ont d'autres préoccupations comme la présence des animaux de cirque, de plus en plus souvent interdits par les lois européennes, mais qui pourraient aussi se joindre à nous.»

La TOHU, membre d'En piste, se réjouit de cette initiative. «C'est génial de se mettre en réseau avec des pays où le cirque est bien ancré pour discuter de défis communs», estime son directeur général Stéphane Lavoie.

Qu'espère le regroupement En piste à la fin de ce week-end? «Nous espérons avoir une date et un lieu de rendez-vous pour une prochaine rencontre. En Argentine ou ailleurs. Ce ne sont pas les événements et les festivals qui manquent. Nous aimerions nous rencontrer une ou deux fois par année pour échanger sur tous ces sujets communs qui nous unissent. Jusqu'à présent, la réaction des directeurs d'associations est très favorable à cette initiative.»