Tous les alliages sont possibles. On associe le cirque au théâtre, à la danse, au mime, à la musique, mais la compagnie espagnole Albadulake pousse d'un cran ces mixtures en ajoutant un ingrédient: le flamenco.

La preuve de leur caractère multidisciplinaire? La semaine dernière, la troupe d'Albadulake a présenté Malaje au Festival de percussions de Longueuil. Ce week-end, elle joue pour Complètement cirque et la semaine prochaine, elle participe à un festival de rue en Belgique.

Leur parcours n'est pas banal. Il y a 15 ans, Antonio Moreno a quitté la région espagnole d'Estrémadure pour étudier à l'École nationale de cirque... de Montréal. Où il a fait de nombreuses rencontres, dont celle, importante, de Samuel Tétreault (des 7 doigts de la main). Mais après deux ans d'études, un accident à l'épaule l'a forcé à retourner dans son pays pour se faire opérer.

Pendant ce temps, Angeles Vazquez, danseuse flamenco native de Cordoue, perfectionnait son art à Madrid et donnait des spectacles un peu partout en Espagne. Après avoir suivi une formation à Londres en danse contemporaine, la jeune femme est rentrée dans son pays.

Par un drôle de hasard, ces deux artistes se sont rencontrés, fréquentés... et aimés. À la fin des années 90, ils ont fondé la compagnie Albadulake (sorte de bazar en espagnol) et créé trois spectacles depuis. Dont Malaje (2001), leur premier, qui ne cesse de voyager, en Europe et au Moyen-Orient.

«C'est un spectacle très percussif, précise Antonio Moreno. Mais avec des performances acrobatiques et un volet de danse important. Ce qui est génial avec ce spectacle, c'est que nous sommes invités à participer à toutes sortes de festivals, de musique, de théâtre, de danse, de cirque.»

«Je mélange le flamenco avec des mouvements de danse moderne, détaille pour sa part Angeles Vazquez. Et puis je joue avec Antonio, qui a vraiment beaucoup de rythme, et qui comprend très bien l'esprit du flamenco. C'est lui qui fait le lien entre moi et le cirque.»

Imaginez la scène. Trois musiciens (un batteur, un bassiste et un guitariste) battent la mesure pendant que la danseuse flamenco fait son numéro. Au même moment, arrive un jongleur (Antonio), qui se déhanche sur ces rythmes andalous. Puis, un clown acrobate et un équilibriste prennent le relais de la danseuse, qui revient plus tard...

Voilà un peu à quoi ressemble ce Malaje (prononcer «malakhé», avec le jota espagnol), qui se traduit par «maladroit». Dans la mesure où le personnage d'Antonio Moreno n'arrive jamais au bon moment, et malgré toute sa bonne volonté, rate un peu ses numéros, tout en cherchant à gagner la sympathie de tout le monde, et notamment le coeur de la danseuse.

«Un malaje, c'est quelqu'un qui danse, qui jongle ou qui joue des percussions, mais de façon approximative. C'est sympa, mais ce n'est pas vraiment ce qu'il faut faire. C'est quelqu'un qui crée un peu son propre art», rigole Antonio Moreno.

Le couple, qui habite le village de Cuacos de Yuste (près de la frontière portugaise), dirige les destinées de sa compagnie, qui vient d'ailleurs de créer cette année Tres en caja (Trois en boîte), un spectacle de danse urbaine qu'ils ont tous deux dirigé, mais dans lequel ils ne jouent pas. «Pour faire la preuve qu'on pouvait faire autre chose que du flamenco», commente Antonio Moreno.

Le spectacle extérieur de la troupe espagnole s'inscrit dans le volet Carnaval estival qui clôturera ce week-end le festival Montréal complètement cirque. Parmi les autres activités au programme, les chants espagnols du groupe La NEF, la fanfare latino-hispanique Semèl Rebèl, mais aussi des cracheurs de feu, jongleurs, musiciens, échassiers, clowns et marionnettistes... et, apprend-on, une paëlla géante.

Malaje. Du 23 au 25 juillet au chapiteau du CCSE Maisonneuve, près du marché. Le spectacle est gratuit, mais vous devez vous procurer un laissez-passer à la Maison de la culture Maisonneuve ou sur les lieux du spectacle.