La dépression, ce «mal du siècle», sera le thème du prochain gala Juste pour rire animé par Laurent Paquin, lui-même inquiet sur la question. Après tout, il en est à son huitième gala en 10 ans...

Pendant plusieurs années, le thème des galas Juste pour rire animés par Laurent Paquin était:»C'est quoi le problème? «Question vaste qui permettait d'englober à peu près toutes les sources d'irritation de la société, et qui a fait de lui l'humoriste ayant animé le plus grand nombre de galas consécutifs - il en est à son huitième.

L'an dernier, Laurent Paquin a changé d'angle en misant sur la fin du monde comme ligne directrice, une obsession entretenue par le calendrier maya qui, paraît-il, s'arrête en 2012. Cette année, l'humoriste s'inspire d'un sujet qui, à de prime abord, n'est pas très jojo: la dépression. «Je trouve que c'est dans l'air du temps, note-t-il. On dit que c'est le mal du siècle, on connaît tous quelqu'un dans notre entourage qui a fait une dépression ou un burn-out. C'est donc un sujet qui touche tout le monde. «

Et qui, d'une certaine façon, touche Laurent Paquin d'assez près. Plusieurs de ses collègues humoristes dans les dernières années ont frappé le mur de l'épuisement professionnel, et il se considère lui-même à risque. «Ça m'est arrivé d'être épuisé, débordé, d'avoir trop de pression. Je regardais mon horaire et je me demandais quand j'allais pouvoir dormir. Ce n'est pas pour rien que j'en parle! J'ai l'impression qu'en étant conscient du danger, on peut l'éviter.»

Laurent Paquin tient à souligner le courage de ses collègues qui ont parlé publiquement de leurs problèmes. «Je trouve ça bien que des gens comme Martin Matte ou Michel Courtemanche, qu'on voit comme forts et imperturbables, puissent dire qu'ils ne sont pas à l'abri de ça. Je pense que ça envoie un message très positif, ça peut briser le cycle de la honte, combattre les préjugés, et dédramatiser le sujet. «

Rien de mieux que l'humour pour dédramatiser la dépression... Mais l'humour, pour un humoriste, est une arme à double tranchant. L'obligation d'être drôle peut rendre le clown triste, puisque ce qui pourrait être le remède est aussi son travail.

« Oui, c'est le « drame» des humoristes, et j'insiste sur les guillemets, dit Laurent Paquin. C'est que, dans les pires moments de ta vie - un deuil, une grande fatigue, la maladie - tu as un show à faire, tu es obligé d'être drôle quand même. Tu dois être allumé pendant une entrevue à la télé, parce que les producteurs te regardent, parce que tu as des tickets à vendre, parce que tu es responsable de ceux qui travaillent sur ton show. Tu dois être sympathique, divertissant, comique, peu importe ce qui t'arrive.»

Paradoxalement, c'est l'humour qui peut sauver notre santé mentale dans les moments les plus dramatiques, et ce sont aussi les moments les plus dramatiques qui peuvent créer les meilleurs numéros d'humour. «Les moments difficiles sont les plus inspirants, pour tous les artistes. On écrit plus de chansons sur la tristesse que sur la joie. Le bonheur, c'est déjà positif, il n'y a rien de drôle là-dedans au fond! Vaut mieux rire du malheur, c'est une façon de ramener tout au positif. «

Laurent Paquin estime même que son personnage de scène, constamment exaspéré par les absurdités de la vie, a des traits dépressifs.»Ma seule crainte avec ce thème, c'est que je ne voudrais pas qu'on pense que je me moque de la dépression, dit-il. On doit comprendre que je joue l'épais! C'est un sujet très englobant, on peut aborder tout ce qui peut causer la dépression:la politique, le travail, les rues bloquées à Montréal... J'ai même un numéro sur la publicité, qui crée des besoins et des attentes dont on n'a pas besoin. En fait, j'ai décidé d'aborder la dépression comme si c'était une personne, un peu à la manière d'Yvon Deschamps qui avait fait de la mort ou du bonheur un personnage. Comme si la dépression me guettait et attendait la fin du festival pour me sauter dessus...»

Laurent Paquin réserve donc tout un gala à Madame Dépression, en compagnie de ses invités, entre autres les Chick'n'Swell, François Morency, Jean-François Mercier, François Bellefeuille, Marc Dupré... Vive la dépression! sera en quelque sorte un happening qui n'aura rien de déprimant!

Gala de Laurent Paquin, salle Wilfrid-Pelletier, les 14 et 15 juillet, à 20h.