Dans ce qui était son premier et certainement pas son dernier spectacle solo, à l'affiche hier pour une unique représentation au Zoofest, l'animateur et désormais humoriste Joël Legendre a démontré tout son talent et toute sa polyvalence sur scène.

Après avoir traversé une année mouvementée, épinglé par un policier dans un parc de Longueuil pour avoir commis un acte de grossière indécence, Legendre a prouvé avec force ses talents d'imitateur et de showman. D'abord en incarnant sans perruque ni costume une incomparable Céline Dion (il n'y a pas mieux que lui au Québec pour interpréter la diva de Charlemagne), mais aussi une longue série de personnalités toutes assez réussies, dont une Denise Bombardier aux mimiques identiques.

Toutefois, l'animateur ne se limite pas à une succession d'imitations. Son spectacle, assez bien rodé compte tenu de l'unique représentation, survole sa longue carrière diversifiée.

«J'ai quand même du contenu», dit d'ailleurs l'homme qui veut tant être aimé du public, et ça se sent.

Parsemant ses numéros de plusieurs blagues ironiques sur le scandale sexuel auquel il a été mêlé, on le sent toujours fragile, mais surtout sincère.

On se demande d'ailleurs si Joël Legendre a réellement envie de faire autant de blagues sur cette controverse... Le public présent dans la salle Ludger-Duvernay du Monument-National, hier, a certes applaudi et ri quand il l'a fait, mais on sentait rapidement que les gens avaient tourné la page. Prochain sujet?

Ce n'est pas terminé

À 50 ans, Joël Legendre est dans une forme exceptionnelle. Sur scène, hier, il a multiplié les chorégraphies, les chants, les numéros plutôt comiques et d'autres davantage émouvants.

Quand il a interprété La duchesse de Langeais de la comédie musicale Demain matin, Montréal m'attend, on a senti toute la fragilité du personnage, qui a procuré au public un sincère frisson d'émotion. Puis, sur une note plus légère, ses nouvelles interprétations de la chanson Un nouveau monde du film Aladin (comment oublier ce personnage mythique dont il signe la voix francophone) et la scène finale entre Jack et Rose dans Titanic, version pause repas entre comédiens qui font du doublage, nous ont fait pleurer de rire.

Certes, Joël Legendre n'est pas prêt à présenter un spectacle de la sorte en tournée.

Les numéros sont bons, mais le tout manque de cohérence. Sa grande présence scénique ne permet pas de gommer toutes les imprécisions. Mais à la lumière de ce qui a été montré hier, on ne peut qu'applaudir au courage d'un artiste qui s'est mis en danger.

Est-il prêt à revenir sous les projecteurs? La réponse appartient au public, mais aussi aux producteurs et diffuseurs, pourvoyeurs de contrats. Le public du Monument-National, qui lui a offert plusieurs ovations, répondrait certainement qu'il ne faut pas laisser passer un tel talent.