«La seule règle que j'impose à mon auditoire, c'est l'absence de règles...» Ces paroles de Johnny Cash, Shawn Barker les a reprises à son compte, mercredi, lors de la première montréalaise de The Man in Black, présentée au Théâtre St-Denis dans le cadre de Juste pour rire.

Barker, un showman accompli, incarne Johnny Cash de façon totale et entière... jusqu'à fouetter la foule qu'il trouvait un peu tranquille durant la longue première partie - 17 chansons! - de ce spectacle qui, avec l'entracte, dépasse les deux heures et demie.

Entouré d'artistes québécois

Les affaires se sont activées en deuxième partie pour atteindre un pic avec Rusty Cage, exactement comme l'été passé au Théâtre des Pays d'en haut de Saint-Sauveur, où nous avions vu The Man in Black.

La différence, cette fois, c'est que Barker est accompagné de musiciens et de choristes québécois avec qui il se produisait pour la première fois... et que l'on n'a pas noté de différence appréciable par rapport à leurs homologues américains.

À la guitare, Richard Boisvert, le picker, est une présence discrète, mais toutes les notes sont là, claires, nettes et précises, comme dans Tennessee Flattop Box. Le grand Yves Labonté à la basse et à la contrebasse - son plaisir était visible - et Jérôme Chénard à la batterie forment une solide section rythmique, tandis que Guillaume Rochon assure aux claviers.

Plutôt discrètes en première partie, les choristes s'illustrent plus tard dans des duos sympas avec Cash-Barker: If I Were a Carpenter pour Karine Desrochers, excellente dans le segment gospel par ailleurs, et le classique Jackson où Flavie Léger-Roy (celle des Bouches Bées) devient June Carter, la compagne de scène et de vie de Johnny Cash (1932-2003).

Toujours un incontournable

Malgré ses longueurs et ses piétinements rythmiques, The Man in Black s'avère un must absolu pour les fans de Johnny Cash qui ne l'auraient pas encore vu - 300 000 spectateurs au Capitole de Québec en six étés - et, pour les autres (mieux vaut comprendre l'anglais), une occasion unique de revivre cette période évolutive de la musique américaine qui, en même temps qu'émergeait le rock'n'roll, a vu le country s'électrifier. Et inclure dans l'orchestre la batterie, interdite au Grand Ole Opry de Nashville jusqu'à ce que des stars l'imposent, comme l'explique Shawn Barker en replaçant Rock Island Line dans son contexte historique.

D'autres pièces ont moins besoin d'explications: Cry, Cry, Cry, Get Rhythm, Bird on a Wire, Hurt, Ring of Fire. Et connaissez-vous ce Boy Named Sue?

- Avec Marie-Christine Blais

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Au St-Denis 2 jusqu'au 11 juillet.