Village People est l'un des rares groupes des belles années du disco qui ait survécu à ce jour même s'il n'a pas lancé de nouvel album depuis 1985. Ray Simpson, qui a remplacé le chanteur principal Victor Willis et enfilé son costume de policier en 1979, nous explique pourquoi.

UN GROUPE SOUDÉ

Felipe Ortiz, l'Amérindien, et Alex Briley, le G.I., sont les seuls membres d'origine de Village People, formé en 1977. Eric Anzalone a remplacé Glenn Hughes, le motard à la moustache iconique mort en 2001. Bill Whitefield, le travailleur de la construction, et Jim Newman, le cowboy, se sont joints au groupe plus récemment.

Le site web de Village People parle d'un nouveau chapitre dans l'histoire du groupe en annonçant le retour prochain du chanteur principal Victor Willis, dont le différend de longue date à propos des droits d'auteur a été réglé à l'amiable cette année. Qu'adviendrait-il alors de Ray Simpson ? Celui-ci se refuse à tout commentaire. Tout au plus répond-il qu'en ce qui le concerne, il n'y a rien d'officiel.

Parce qu'ils incarnent des personnages costumés, on pourrait croire que les membres de Village People sont interchangeables comme le sont les acteurs d'une comédie musicale.

« Pas du tout, réplique Ray Simpson. Si l'un de nous manque à l'appel et qu'on essaie de donner le spectacle à cinq, c'est un véritable cauchemar tellement on dépend l'un de l'autre. »

LE SPECTACLE COMME LOCOMOTIVE

Ray Simpson n'a pas participé à l'enregistrement des tubes de Village People - Macho Man, In the Navy et autres Y.M.C.A. -, mais il estime que c'est la présence sur scène du groupe toutes ces années durant qui assure à ces chansons leur pérennité.

« Henri Belolo, le producteur [français] d'origine, m'a déjà dit que partout où nous allions chanter, les ventes de disques augmentaient. De toute évidence, nos spectacles mettent en valeur les chansons, les raniment et les maintiennent en vie. »

« Je pense que si on n'avait pas continué à travailler depuis une trentaine d'années, notre catalogue aurait simplement été oublié comme tant d'autres. »

- Ray Simpson

L'IMPORTANCE DES CHORÉGRAPHIES

La chorégraphie de Y.M.C.A. est aussi connue que la chanson elle-même et elle a même été parodiée dans le film Wayne's World 2. C'est un atout essentiel de Village People, estime Ray Simpson.

« On a toujours été la cible de plaisanteries. Dans le monde de la musique, il ne faut pas trop se prendre au sérieux, sinon tu vas te faire bouffer tout rond. On aime bouger et on n'a jamais été le genre de groupe qui se plante là et chante. Il y a toujours du mouvement dans ce que l'on fait. On essaie d'impliquer les spectateurs qui nous rendent bien l'énergie qu'on leur donne. Il y a quelques jours, j'ai aperçu un monsieur d'un certain âge assis dans la première rangée qui nous regardait attentivement. Tout à coup, il a tendu le bras et il s'est mis à se trémousser. Je n'en revenais pas. »

LES STÉRÉOTYPES

Les personnages stéréotypés de l'Amérindien, du policier, du G.I., du travailleur de la construction, du motard et du cowboy, que les producteurs français Jacques Morali et Henri Belolo avaient imaginés pour séduire un auditoire gai, sont pour beaucoup dans le succès de Village People, croit Ray Simpson.

« C'est amusant de se costumer comme on le fait à l'Halloween. Et, donc, les gens qui viennent à nos spectacles s'habillent comme nous, comme le personnage qu'ils préfèrent. Quand tu vois quelqu'un qui a pris la peine de se costumer pour te ressembler, ce qui exige un certain effort, ça ajoute à ton plaisir. »

LE PUBLIC GAI

À ses débuts, Village People a vite été adopté par le public LGBTQ qu'il courtisait.

« La communauté LGBTQ a toujours aimé s'amuser et faire la fête, commente Ray Simpson. Pour ses membres, c'est important d'être honnête et de s'accepter tel qu'on est. On a toujours été un groupe mixte [NDLR : Simpson est hétéro, tout comme Victor Willis] et nous étions fiers de représenter tous ceux qui assistaient à nos spectacles et qui nous témoignaient leur appréciation. »

« Je suis très heureux d'avoir participé à plusieurs concerts de la Fierté gaie, mais tout est basé sur la musique et le plaisir qu'elle procure, poursuit Simpson. La musique est très puissante, elle ouvre des portes et permet aux gens d'être eux-mêmes. [...] Quand on se produisait au Studio 54, au petit matin, on ne se doutait pas qu'un jour on allait donner des spectacles devant des grands-mères, des mères et des enfants. Qui sait comment seront considérés dans dix ans les artistes hip-hop dont les textes sont classés X aujourd'hui ? »

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Sur la scène de la place des Festivals, le 17 juillet, dans le cadre du festival Juste pour rire