Dans la foulée du 11 septembre 2001, des attentats de Paris ou de Londres, l'islam a plus que jamais été associé à la radicalisation. Une situation que déplorent Anas Hassouna, Adib Alkhalidey, Roman Frayssinet, Reda Saoui, Mehdi Bousaidan, Eddy King et Louis T, qui ont choisi de présenter, dans le cadre de Zoofest, Extrémiss, un spectacle dans lequel ils décortiquent l'extrémisme, au sens le plus large du terme.

Né à Montréal de parents d'origine marocaine, Anas Hassouna anime chaque semaine la soirée d'humour de L'Abreuvoir. Avant les attentats de Charlie Hebdo, le jeune homme de 23 ans n'avait encore jamais ressenti de racisme à son égard dans sa ville natale. «J'habitais sur le Plateau quand les attentats ont eu lieu. Je me rappelle être descendu dans la rue avec mes collègues de travail dont la plupart sont d'origine arabe, et il y a des gens qui ont changé de trottoir, en plein jour! Ça nous avait vraiment frappés», se rappelle Anas Hassouna, instigateur de la soirée Extrémiss.

«Les gens en sont au stade de la peur, qui se trouve juste avant celui du racisme. Et le contraire de la peur, c'est le rire.»

C'est après un autre incident meurtrier, à Saint-Jean-sur-Richelieu cette fois, que l'idée de ce spectacle a germé dans la tête de l'humoriste. «Après chaque drame de ce genre, il y a toujours ce sentiment d'impuissance très fort. Pour y remédier, j'ai pensé qu'un spectacle pourrait crever l'abcès et réunir tout le monde autour de blagues. J'ai aussi entendu mon ami Adib Alkhalidey dire: "Moi, je suis un humoriste, le contraire d'un terroriste." Ça m'a beaucoup inspiré», se rappelle Anas Hassouna.

«Une dynamique malsaine»

Dans une volonté d'utiliser l'humour comme arme contre la terreur, le jeune homme a invité Adib Alkhalidey, Roman Frayssinet, Reda Saoui, Mehdi Bousaidan, Eddy King et Louis T à se joindre à lui pour parler de toutes les formes d'extrémisme, dont l'une des plus dangereuses selon lui: l'extrême droite.

«En ce moment, on se retrouve dans une dynamique malsaine où il y a une forme de radicalisation qui attire toute l'attention médiatique sur elle et qui laisse pousser l'autre dans l'ombre. Mais au final, le durcissement de l'extrême droite se trouve être plus dangereux que ce que l'on croit et il est encore plus proche de chez nous», observe-t-il.

D'origine française, Roman Frayssinet est un fidèle complice d'Anas Hassouna (notamment dans les capsules web Pause Khawa et La mort) et n'a pas hésité à mêler son univers un peu décalé et absurde pour aborder l'idée de l'extrémisme dénué de toute association culturelle et religieuse dans Extrémiss.

«Je vais faire quelque chose qui tourne autour de la violence. Je vais parler des jeux vidéo et poser la question: est-ce que tuer des gens, même fictifs, est une saine manière de se divertir? Je veux aussi montrer qu'il existe diverses formes d'extrémisme: la dépendance en est une!», lance Roman Frayssinet, qui présentera son troisième spectacle à Zoofest, Au II là, et partira conquérir la France à l'automne au 13ème art, la nouvelle salle de spectacle de Juste pour rire à Paris.

Anas Hassouna a fait appel au dessinateur français de bande dessinée Boris El Diablo, bien connu pour Les Lascars, afin de concocter l'affiche du spectacle.

«Elle résume très bien le message de mon numéro d'ouverture: non seulement il faut douter de ses idées, mais en plus, quand tu adoptes une idée et que tu l'amènes à son extrême, elle se retrouve à servir son contraire! Je voulais une affiche qui posait un certain questionnement, et Boris a tout de suite saisi la commande», conclut Anas Hassouna.

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À la salle Ludger-Duvernay du Monument-National, ce soir, 22 h 30.

IMAGE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

L'affiche du spectacle Extrémiss a été réalisée par le dessinateur français Boris El Diablo.