Ça rentrait à pleines portes à la salle Wilfrid-Pelletier quelques minutes avant le début du spectacle All-Star Comedy Gala animé par nul autre que P.K. Subban dans le cadre du festival Just for Laughs.

Des enfants, des ados, des jeunes femmes en tenue de soirée, des fans avec des chandails aux couleurs (nouvelles et anciennes) du hockeyeur, des personnes âgées en marchette, des noirs, des blancs, des jaunes, des orange, des anglophones (surtout) et des francophones : pas de doute, l'illustre numéro 76 est un rassembleur et son public incarne à merveille le visage hétéroclite de la métropole.

Un visage prospère, toutefois, capable d'allonger les 100 $ environ pour se procurer l'un des billets, qui se sont écoulés comme des climatiseurs pendant une longue canicule.

Une bonne nouvelle, puisque les profits de la soirée - 130 000 $ - iront à la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants, pour qui P.K s'est engagé l'automne dernier à amasser 10 millions de dollars.

« P.K. était le joueur des Canadiens le plus flamboyant depuis Lafleur. Mon coeur de fan est brisé », confiait avant le spectacle Brian, vêtu d'un chandail des Predators de Nashville tout neuf sur lequel était brodé le nom de Subban.

La Presse, qui n'avait pas accès à la salle Wilfrid-Pelletier, devait suivre le gala depuis un salon situé quelque part dans les coulisses.

Sentiment étrange de prendre place autour d'un téléviseur aussi gros que celui dans votre salon en compagnie d'une dizaine de personnes, des membres de l'équipe de Just for Laughs pour la plupart.

Donc, pour décrire l'ambiance de l'intérieur, on repassera. La seule image qu'on a pu capter au loin en marchant vers le salon est le maire Coderre en tenue de soirée en train de serrer la pince à un spectateur dans la salle, comble, où s'entassaient 3000 personnes.

Mince consolation, il y avait au milieu du salon un buffet avec de la pizza froide et des chips, sans oublier ces espèces de brochettes avec des raisins et des cubes de fromage.

C'est sur ces observations que P.K. Subban s'est avancé à l'écran (et sur la scène), pendant que la foule scandait vigoureusement son nom.

Tout sourire, vêtu comme une carte de mode et à l'aise comme un enfant dans un Toys R Us, notre (ex ?) chouchou local a lancé un « Merci Montréal ! », bien senti, avant de crever l'abcès, sourire en coin, au sujet de son échange controversé.

En quelques secondes, l'humoriste d'un soir avait déjà la foule dans sa petite poche, conquise par ce charisme qui manquera cruellement dans le paysage sportif la saison prochaine. « Quand je déménage quelque part, j'essaie toujours d'apprendre quelque chose de la culture locale, a enchaîné Subban. À Montréal, j'ai appris un peu de français. À Nashville, qu'est-ce que je pourrais bien apprendre... Oui ! Exact ! À me tenir loin de la police ! », a ironisé le défenseur pendant que la foule n'avait pas terminé de prononcer le mot « country ».

QUELQUES FLÈCHES AU CANADIEN

En point de presse quelques heures plus tôt, P.K. avait déclaré qu'il ne prévoyait pas lancer de flèches à l'équipe qui l'avait échangé. Le hockeyeur n'a pas pu s'empêcher de le faire, tout en finesse, au grand plaisir de la foule qui n'a visiblement pas encore digéré son départ. « Durant mes années passées ici, des gens m'ont accueilli à bras ouverts et d'autres pas. Ce sont eux qui m'ont échangé », a badiné Subban, pendant que les « On t'aime, P.K. ! » fusaient dans la salle à intervalles réguliers.

Autre moment apprécié de son numéro d'introduction : la lecture de faux tweets provenant de célébrités du monde du hockey, comme Alex Ovechkin. « P.K., je pensais débarquer dans ton gala mais envahir le territoire des autres n'est pas un comportement russe », a lu Subban, irrévérencieux.

P.K. Subban a ensuite cédé le plancher à plusieurs humoristes invités tels que Rachel Feinstein, Dom Irrera (très drôle), Jeremy Hotz et autres, venus tour à tour dérider la foule, mais surtout meubler le temps entre les apparitions du défenseur, qui incarnait à la fois le sundae, la cerise et les petits bonbons multicolores de cet événement.

D'ailleurs, la diffusion d'un sketch vidéo expliquant de quelle façon P.K. Subban s'y prenait pour être plus qu'un athlète qui signe des chèques était hilarante et digne d'un Bye Bye réussi. On y aperçoit notamment le hockeyeur en train d'expliquer une radiographie à un patient comme le fait un entraîneur à ses joueurs avec un plan de la patinoire.

Dans une autre saynète, il passe la moppe dans un corridor d'hôpital. Lorsqu'un médecin lui demande comment il fait pour garder le plancher aussi propre, Subban l'interrompt et plaque brutalement dans le mur un homme qui émerge au même moment dans le couloir.

La foule s'est aussi montrée enthousiaste envers les numéros de Peter Callahan, des Sklar Brothers, mais surtout pour le stand-up américain Tom Rhodes, venu parler des règlements absurdes qui existent réellement en Arizona et de l'application Shazam. « Dans 10 ans, on aura la même chose pour les odeurs... », prévient-il en faisant allusion à la possibilité de détecter la source d'une flatulence anonyme.

P.K. ET LE COUNTRY

Entre les numéros, P.K. revenait sur scène, chaque fois sous les ovations. Coiffé d'un chapeau de cowboy en hommage à sa nouvelle ville d'adoption, il s'est amusé à faire des parallèles entre des titres de chansons country et son échange.

P.K. a terminé sa soirée de travail en réclamant une bière. « Non, non, non », a-t-il objecté avec dédain lorsqu'on lui a apporté une bière de la marque Molson.

Puis, quelques dignitaires, dont le grand patron de Just for Laughs, Bruce Hills, et Nastassia Subban (la soeur de P.K. qui gère la Fondation), sont montés sur scène pour clore la soirée et dévoiler le chèque des recettes de la soirée.

En gentleman, P.K. a rendu hommage à son ancienne équipe.

« On a fait beaucoup de blagues ce soir, mais merci à l'organisation du Canadien. Mes six années ici ont été fabuleuses. »

Après avoir remercié tout le monde, y compris Dieu, il semblait avoir de la difficulté à quitter la scène, au grand bonheur du public qui s'égosillait à force de scander son nom. « Je vais toujours être avec vous, excepté sur la glace, parce que ça serait bizarre... »

Malgré l'inégalité de certains numéros et quelques petits problèmes d'enchaînement dans les présentations, impossible de ne pas tout pardonner à l'animateur du gala, qui manquera certainement à beaucoup de monde. Avec ou sans patins.