Capable de remplir de mythiques théâtres comme l'Eventim Apollo à Londres ou le Sydney Opera House en Australie, le Britannique Alan Carr présente son plus récent spectacle dans une salle de 128 places (la salle Claude-Léveillée) à Montréal pour six soirs. Entrevue avec l'humoriste et animateur de Chatty Man, la populaire émission de télévision qui taquine les stars.

Malgré la notoriété dont il jouit dans le monde anglo-saxon, Alan Carr est d'une simplicité désarmante. Au bout du fil, l'humoriste, qui reçoit les Adele, Britney Spears et autres Lady Gaga à son émission Chatty Man, ressemble plus au petit gars originaire de Dorset qu'à l'habitué des soirées mondaines en compagnie du prince Harry.

Il faut dire qu'Alan Carr - dont le contrat à l'animation de Chatty Man est évalué à 5 millions de livres sur deux ans - n'a pas toujours eu la vie facile. Employé dans un centre d'appels pendant deux ans et sujet à des problèmes de peau qui l'ont beaucoup complexé, le jeune homme a trouvé dans le stand-up une échappatoire à son quotidien morose.

«La première fois que je suis monté sur scène, c'était à Manchester. J'étais très nerveux, mais le public a ri. Si cette soirée s'était mal passée, je ne serai pas en train de vous donner une entrevue aujourd'hui! J'ai fini par me dire que la vie avait mieux à m'offrir et je suis sorti de ma routine confortable pour tenter ma chance. On pourrait faire un film avec ma vie!», s'amuse-t-il. 

La modestie d'Alan Carr aurait-elle à voir avec ces débuts prosaïques? «Quand tu as eu autant de boulots de merde que moi, tu ne peux pas oublier d'où tu viens. J'ai déjà travaillé dans une usine de fabrication de CD. J'étais le gars sous la machine qui pelletait les CD tombés par terre! Il faut être reconnaissant chaque jour quand on fait des spectacles dans le monde après avoir vécu ça!», confie-t-il.

L'intimité des petits théâtres

À 39 ans, Alan Carr collectionne les trophées tant pour son humour que pour ses talents d'animateur. Mais avec son plus récent spectacle, l'humoriste ne s'est pas privé de jouer dans de petites villes ou de petites salles, comme ce sera le cas à Montréal.

«C'est excitant pour moi. J'aime l'aspect intime des petits théâtres. Ça permet aussi de prendre plus de risques, d'essayer de nouvelles choses.»

«Pour mon spectacle précédent, je m'étais produit à The 02 à Dublin [rebaptisé le 3Arena] devant 12 000 personnes, et c'est le dernier endroit où tu veux étrenner un nouveau sketch ! Le son de 12 000 personnes qui ne rient pas n'est pas très agréable à entendre!», lance-t-il.

Son passage au Zoofest s'inscrit ainsi dans une tournée mondiale entamée en 2015 qui l'a mené encore plus loin qu'il ne l'aurait pensé.

«Je devais terminer au Hammersmith Apollo [renommé l'Eventim Apollo] en décembre dernier. Mais sur les médias sociaux, les fans d'un peu partout me demandaient quand j'allais venir chez eux. Je me suis même retrouvé au cercle polaire! J'étais très nerveux, car je ne savais même pas s'ils avaient le même sens de l'humour que moi! Je suis monté sur scène et ils ont beaucoup ri! C'est universel, il faut croire. J'étais si emballé que j'ai dit à mon agent d'ajouter Montréal, l'Australie et la Nouvelle-Zélande à mon calendrier!», raconte Alan Carr.

Yap Yap Yap

Aussi volubile dans la vie que dans son talk-show, Alan Carr a nommé son spectacle Yap Yap Yap («bla bla bla» en français). «Après 250 représentations, je jacasse encore!», s'amuse Carr.

«En tant que présentateur de talk-show, il y a certaines choses que je ne peux pas dire. Parfois, tu es assis devant une personnalité dont le film ou le disque est mauvais, mais tu dois rester là et prétendre que tu as aimé ça! L'honnêteté que me permet le stand-up est fascinante et rafraîchissante. Ça me permet en quelque sorte de retrouver une certaine pureté», observe l'humoriste, avouant qu'il s'agit sans aucun doute de son spectacle le plus personnel.

La plus grande source d'inspiration d'Alan Carr est en effet son quotidien aux côtés de son conjoint, l'organisateur d'événements britannique Paul Drayton, avec qui il forme un couple très «traditionnel», d'après ses propres dires.

«J'aime que Paul s'occupe de tout à la maison», lance-t-il. «Si je passe 24 heures par jour avec mon partenaire, certaines choses qu'il fait me mettent hors de moi et se retrouvent dans le spectacle! Il me dit souvent: ‟Ah, tu as mis ça dans ton show?" Il doit comprendre que s'il veut que je continue à lui offrir de beaux vêtements, des chaussures de designer et des vacances exotiques, je n'ai pas le choix», dit-il en riant.

«C'est un peu du chantage. Ça manque de profondeur comme relation, mais ça fonctionne!», conclut Alan Carr à la blague.

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À la salle Claude-Léveillée jusqu'au 30 juillet, dans le cadre de Zoofest.