Samedi soir, la scène de la salle Wilfrid-Pelletier a été investie par l'une des têtes d'affiche les plus attendues de Just for Laughs: Sarah Silverman.

L'humoriste et comédienne de 43 ans est apparue dans une petite robe de galableue satinée, agencée à de grosses bottes militaires montantes. Un mélange des genres à l'image de l'humour de Silverman qui, après avoir lancé les fleurs, ne manque jamais d'y joindre le pot.

«Je suis juive. Et je suis très heureuse d'être à Montréal, car il y a une grosse communauté juive. Du moins, je présume que oui, à voir tous les problèmes de corruption!», lance-t-elle.

Connue pour ses chansons, comme Je me tape Matt Damon, présentée sur le plateau de l'émission de télé de son ex-conjoint Jimmy Kimmel, Sarah Silverman a choisi samedi soir d'interpréter Tous les francophones ne sont pas des douchebags, - «sauf en France», précise-t-elle à la fin de sa performance.

Tout droit venu de Toronto, K. Trevor Wilson a ouvert la soirée en racontant quelques anecdotes sur sa famille chrétienne scientiste. Un sketch très original et bien écrit.

Brent Weinbach ne sera quant à lui pas passé à l'histoire avec son imitation de l'accent britannique. Le public n'a d'ailleurs pas trop semblé embarquer dans son délire.

Après ce seul bémol de la soirée, Jimmy Carr a fait son entrée sous les applaudissements du public. La grande pointure de l'humour britannique a été à la hauteur de nos attentes, utilisant sans retenue sa plume au vitriol - aux dépens du Canada, puis des lesbiennes, entre deux rires narquois. Sans aucun doute la meilleure performance de la soirée, qui s'est poursuivie avec le retour sur scène de Sarah Silverman. Elle s'en est alors donné à coeur joie en jouant avec les stéréotypes véhiculés par les Américains sur le Canada. Visiblement bien au courant de la situation politique au Québec, elle s'est même permis, à plusieurs reprises, de se moquer des maires en prison ou sur le point de s'y retrouver.

Kyle Kinane a ensuite fait son entrée sur scène dans la peau de son personnage marginal, imitant un chat. Sympathique. Puis Tig Notaro a offert une performance décalée et absurde qui semble avoir séduit le public.

Avec un sketch sur les chevaux puis sur les opérateurs téléphoniques robotisés, Kyle Dunnigan s'en est quant à lui bien sorti.

Sujet récurrent des galas de Just For Laughs, le mariage gai a encore fait parler, et surtout beaucoup fait rire. Sarah Silverman a énuméré avec toute l'ironie et le cynisme qu'on lui connaît «les nombreuses horribles choses qui allaient découler du mariage entre personnes du même sexe».

L'Australien à l'impressionnant débit Wil Anderson a conclu le gala en se moquant de ses cousins américains et en imitant Steve Jobs lors de son arrivée au paradis. Un bon numéro, si ce n'est de sa chute, sur le blanchiment de l'anus...

Jouant sans cesse sur son look de belle fille idéale pour mieux surprendre avec ses répliques vulgaires et politiquement incorrectes, Sarah Silverman a encore prouvé samedi soir qu'elle était la reine du malaise et de l'humour pince-sans-rire.