Dans une quasi-confidentialité, avec une toute petite heure sur la scène du chaleureux, mais étroit, cabaret Underworld, le comique sud-africain Trevor Noah tient l'affiche de Just for Laughs avec son spectacle Born a Crime.

Pas de tapis rouge ni de gala pour ce fils de Soweto qui a été la sensation du Fringe d'Édimbourg en 2012. Mais il faut absolument découvrir cette étoile montante du monde du stand-up, qui aborde l'apartheid, le racisme, la vision de l'Afrique, avec un génie comique qui vous propulse dans un fou rire de 60 minutes.

Born a Crime, le titre de son show solo, fait référence au fait qu'en 1984, année de sa naissance, l'union de sa mère sud-africaine et de son père suisse-allemand était illégale, dans l'Afrique du Sud de l'apartheid.

«Mais ne soyez pas tristes. J'ai de très beaux souvenirs de mon enfance», tempère le charismatique jeune homme en jeans et blouson de cuir, avant de se lancer dans un récit touchant et très drôle, sur les stratégies que devaient déployer ses parents pour échapper aux sanctions racistes.

Doté d'un physique avantageux et follement doué pour les accents, Trevor Noah déploie un humour social et universel totalement ancré dans notre monde multiculturel. Ses références à Mister T. ou Fresh Prince of Bel-Air - des émissions populaires en Afrique du Sud, dans les années 80 et 90 - nous rappellent les impacts culturels des États-Unis sur l'Afrique.

Offrant une prestation sans temps mort, il est au mieux quand il s'engage dans des imitations de personnages rencontrés lors de son séjour de deux ans aux États-Unis. De l'armoire à glace noire qui s'exprime dans une langue de rapper - il s'attardera longuement à la virtuosité du néologisme naamee, contraction de do you know what I mean - à l'employée de banque hilare avec ses Oh My God, Trevor Noah personnifie brillamment ces archétypes de l'américanité.

Dans les premières minutes de sa performance, on est un peu gêné d'apprendre que le Canada est le pays qui lui a donné le plus de fil à retordre pour traverser les frontières. «Je suis Africain, j'ai donc besoin d'un visa pour aller partout», a-t-il lancé avec son ton dérisoire qui enveloppe sa prestation. Mais il nous le rend bien, avec des blagues sur le français, qu'il décrit comme une langue faite pour l'ambivalence.

Superstar dans son pays natal et nouvelle coqueluche de la scène de stand-up anglo-saxonne, Trevor Noah est un bijou d'humoriste. Allez-y. Vraiment.

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Trevor Noah et son spectacle Born a Crime, sur la scène du Cabaret Underworld, jusqu'au 27 juillet.