Afin de financer la formation d'humoristes haïtiens à Port-au-Prince, l'École nationale de l'humour présente un spectacle-bénéfice, HahaHaïti, dimanche à 20h au Théâtre Maisonneuve. Animé par Rachid Badouri, ce spectacle permettra de découvrir les humoristes haïtiens Jean Samuel André, Christina Guérin, Cynthia Jean-Louis et Jorj.

D'ici trois ans, l'École nationale de l'humour (ENH) espère ouvrir une école d'humour en Haïti. Ce printemps, sa directrice, Louise Richer, est partie en mission sur l'île rencontrer des professionnels de l'humour. Une telle ambition n'est pas simple à réaliser, dit-elle, mais l'ENH prendra son temps pour bien faire les choses. Tout dépendra des fonds disponibles, d'où l'idée de ce spectacle.

Cinq humoristes haïtiens ont été sélectionnés durant cette mission. Quatre d'entre eux, Jorj, Jean Samuel André, Christina Guérin et Cynthia Jean Louis, feront leurs premiers pas sur une scène canadienne dimanche. Louise Richer nous les décrit.

Un ingénieur conteur

«Jorj est un ingénieur d'une quarantaine d'années, dit-elle. Il est aussi conteur et donne des spectacles seul ou avec Kako et Ashley avec qui il forme le trio KAJ. Jean-Samuel André a une vingtaine d'années. Il fait du stand-up avec une belle arrogance, du commentaire politique et des observations. Christina Guérin est une comédienne qui va parler des noms et prénoms haïtiens. Et Cynthia Jean-Louis est médecin et comédienne! Elle a déjà joué Les monologues du vagin. Elle vient de perdre son papa et va présenter un numéro sur le cirque funéraire.»

Ces humoristes se produiront chacun leur tour à 19h, sur la scène Loto-Québec de l'esplanade de la Place des Arts. Ce soir, ce sera Cynthia Jean Louis, demain, Jorj, samedi, Jean Samuel André, et Christina Guérin se produira le 23 juillet.

Le show de dimanche est animé par Rachid Badouri et présenté par Dany Laferrière, porte-parole du projet d'école en Haïti. Le public pourra également voir Mike Ward, Dorothy Rhau, Adib Alkhalidey, Gabriel D'Almeida Freitas et Eddy King, qui est revenu lundi d'Haïti où il a présenté un spectacle avec Rachid Badouri.

Ils sont d'ailleurs revenus enchantés de leur séjour. Eddy King y était déjà allé. «En un an, j'ai vu beaucoup de changements, dit-il. Haïti change très vite. Pour le spectacle, mon numéro parle de ce que j'ai observé là-bas.»

Pour Rachid Badouri qui a grandi avec des Québécois d'origine haïtienne, c'était un premier voyage en Haïti. Il a dit à La Presse combien ce séjour l'a marqué. «Ça a été un des plus beaux voyages de toute ma vie. J'avais été un peu victime de ce que les médias montrent et du fait qu'on prend Haïti en pitié. Comme plein de monde, on pense qu'on va se faire kidnapper là-bas! Oui, il y a de la pauvreté, mais plein de choses ont changé depuis le séisme. Plein de jeunes Haïtiens du Québec ou des États-Unis reviennent pour faire une différence. Alors mes prochaines vacances, je vais aller là-bas!»

Rachid Badouri dit que les dimanches après la messe, les Haïtiens écoutent de la musique francophone «à 75% québécoise», dit-il. «Si je rencontre Ginette Reno, je vais lui dire d'aller faire un spectacle là-bas parce qu'elle y est très populaire. Elle pourrait le faire devant 15 000 personnes! Ils ont une soif de spectacle, une soif de rire. Les rires qu'on a eus là-bas, c'était incroyable. Je pensais que ça allait exploser! Quand un Haïtien rit, prépare-toi car tu peux avoir peur!»

Dans un esprit de réciprocité, des humoristes québécois se produiront à Port-au-Prince en décembre, notamment Rachid Badouri. «On fera sûrement deux spectacles, un pour les gens aisés et un autre pour tout le monde en extérieur, dit-il. Je vais parler à Anthony Kavanagh pour qu'il vienne vivre ça. On pense faire une bonne cause en allant là-bas alors qu'en fait, ce sont les Haïtiens qui m'ont fait une faveur. Vivre ce que j'ai vécu là-bas en tant qu'artiste, j'ai rarement vécu ça.»

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Spectacle-bénéfice HahaHaïti, dimanche, à 20h, au Théâtre Maisonneuve.

Photo: fournie par l'École nationale de l'humour

Jean Samuel André fait du stand-up avec une belle arrogance.