De l'allégorie de la caverne de Platon aux jeux d'ombres chinoises, en passant par les génériques des James Bond, le théâtre d'ombres est vieux comme le monde. La troupe allemande Die Mobilés se réapproprie la magie de cette tradition et la modernise, utilisant les ombres des corps pour transporter le public à travers de belles histoires qu'elle racontera dès mardi au Théâtre St-Denis 2 dans le cadre du Festival Juste pour rire.

Harald Fuß, Michaela Köhler-Schaer et Stefan Südkamp sont devenus membres de la troupe de l'Université allemande de sport, «Das Kölner Bewegungstheater Mobilé» (le théâtre de mouvement de Cologne Mobilé), au début des années 80, dont ils allaient modifier rapidement le nom pour devenir les Die Mobilés. Depuis, ils réalisent des productions théâtrales, événements et scénographies dans des soirées d'affaires ou des festivals européens.

«Ça fait 30 ans que je fais partie de la compagnie. À la base, nous sommes surtout un théâtre corporel, mais on a commencé à intégrer le théâtre d'ombres il y un peu moins de quatre ans. C'est un art international qui touche tous les genres de publics, ce qui nous permet de nous produire partout!», explique Michaela Köhler-Schaer, de Die Mobilés.

La compagnie a, en effet, changé de cap lorsque le constructeur automobile BMW lui a demandé de présenter un numéro utilisant les ombres pour présenter à ses employés un nouveau prototype.

«On s'est mis au travail pour créer quelque chose et on a eu beaucoup de plaisir! Par la suite, on a mis le numéro sur YouTube et on a été contacté par la chaîne RTL pour participer à la version luxembourgeoise de l'émission Incroyables talents. Puis ça a été au tour de la France de nous appeler», précise-t-elle.

En décembre dernier, le destin de Die Mobilés a donc basculé quand la troupe a remporté la téléréalité française Incroyables talents où Gilbert Rozon est juge. En plus de repartir avec 100 000 euros, elle a été invitée par le grand patron de Juste pour Rire.

D'ombres et de poésie

La troupe a choisi de distribuer la moitié de la somme remportée à ses artistes et d'investir l'autre dans la création de Moving Shadow, un spectacle mêlant ombres, musique et poésie grâce aux silhouettes de huit artistes placés derrière une toile éclairée. C'est une version d'une heure de cette production qui sera présentée au Théâtre St-Denis à partir de mardi.

«L'important, c'est de créer une ambiance. Alors on travaille toujours avec de la musique connue (Charles Aznavour, Charles Trenet, Michael Jackson) pour susciter une vive émotion chez les spectateurs. Le fil conducteur de la performance est une simple histoire d'amour à travers laquelle on fait un petit voyage dans le monde, en utilisant des images inspirées de scènes de films très connus. Au fil du spectacle, les artistes deviennent ainsi des objets, des animaux, des plantes et à nouveau des hommes.»

L'équipe du théâtre d'ombres se compose d'artistes professionnels internationaux qui ont des formations dans les domaines du spectacle, de la danse, du théâtre de mouvement, de l'acrobatie et du mime. C'est grâce à des changements habiles de position par rapport à la source de lumière que les protagonistes deviennent si petits, qu'ils semblent se promener sur une main ou faire de la gymnastique sur un revolver.

«Les gens sont fascinés et veulent savoir comment on forme avec nos corps une voiture ou un scooter, un éléphant», dit Michaela Köhler-Schaer.

«Lors des répétitions, le chorégraphe a une idée et les artistes commencent à bouger, cherchant à savoir qui va faire les pieds, les oreilles ou la trompe d'un éléphant, par exemple. On improvise beaucoup et il faut bien connaître son corps. C'est très physique et très dur, car on utilise souvent des mouvements qui ne sont pas naturels», ajoute-t-elle.

Quelle image a été la plus difficile à créer pour Die Mobilés? «Faire une araignée avec l'ombre de ses mains est très facile, mais avec le corps, c'est une autre paire de manches! Notre plus grand défi en tant que groupe, c'est toujours de rester coordonné.»