La Grande soirée échangiste animée par Éric Salvail était le dernier gala de la 30e cuvée Juste pour rire et cette série de spectacles s'est achevée en apothéose, ce lundi soir à la salle Wilfrid-Pelletier, avec une distribution époustouflante et un rythme enlevé du début à la fin.3

La soirée était consacrée à l'échangisme mais pas à celui qu'on pensait! «On ne parlera pas de sexe ce soir, a tout de suite prévenu Éric Salvail, car le gala passe à TVA et ma mère est là ce soir!»

Mais la raison était tout autre. L'échangisme a en fait consisté à ce que les artistes invités se produisent dans un autre registre que le leur.

On a vu ainsi le chanteur lyrique Marc Hervieux chanter un rigodon et danser avec l'humoriste Martin Cloutier qui, lui, chantait (très bien) de l'opéra!

Après Ricardo Larivée et son «histoire de putes, l'une romaine l'autre frisée», on a vu arriver sur scène un étudiant avec son carré rouge et son masque malmené par un policier fou furieux: il s'agissait respectivement de Gilbert Rozon et Léo Bureau-Blouin dans des rôles «contre-nature»!

Puis, Soeur Angèle est sortie d'un pot de confiture et Éric Lapointe a chanté Paulette avec des danseurs efféminés en tenue de marins avant d'entamer une toune plus dans sa zone de confort! Ce qui terminait un numéro d'ouverture très bien fait.

Pour son premier stand-up à vie, Frédéric de Grandpré a parlé de son rôle de papa à la maison et s'est bien débrouillé.

Michel Barrette devait ensuite relever le défi de raconter six anecdotes drôles le plus vite possible. Pari tenu, public debout!

Éric Salvail en Ti-Gus et Michèle Richard en Ti-Mousse ont ensuite débité une rafale de blagues et de sarcasmes. Pas mal. Puis, Cathy Gauthier, dans un sujet contre-emploi, «sans joke de c...», a fait un numéro en alexandrins... avant de parler du langage des ados! Un très bon moment du gala.

Quand Éric Salvail a raconté sa jeunesse de garçon grassouillet et ce qui lui tapait sur les nerfs, il s'est transformé en monologuiste avec beaucoup d'aplomb, tout comme le duo qu'il a fait avec un très bon Jean-Luc Mongrain en Dong et lui en Ding.

Puis, l'ancien ailier de gauche des Canadiens, Dave Morissette, s'est essayé, lui aussi, au stand-up en racontant des épisodes de sa carrière. Très bien fait.

Éric Salvail s'est changé en... Guillaume Lemay-Thivierge, le vrai entrant sur scène! On a eu aussi une belle scène des Pêcheurs, avec Dominic et Martin et Martin Petit.

Les capsules vidéos projetées étaient inégales mais celle où Claudine Mercier imitait Coeur de pirate était très réussie.

Le sketch où Eric Salvail et Denis Coderre sont déguisés en Denis Drolet était tordant, encore là avec un texte bien écrit. «Quelle est la différence entre un politicien et un participant de la Poule aux oeufs d'or, a demandé Éric Salvail. Ça arrive que le participant ne prenne pas l'enveloppe!». Ovation debout pour le duo brun.

Le spectacle s'est achevé par une ambiance cabaret, Jean-François Breau imitant très bien Mario Pelchat et Kevin Parent, Stéphanie Lapointe faisant de même en Vanessa Paradis et en Coeur de pirate, et Claudine Desrochers en Dalida puis en Lady Gaga.

Réal Béland a fait rire avec ses imitations de mains moites, de chaises et de Céline Dion qui envoie un fax (!) mais c'est en Tina Turner qu'il a stupéfié le public, un numéro qui a clos ce spectacle bien ficelé, drôle et animé, il faut le dire, de main de maître par un Éric Salvail très inspiré et de plus en plus à l'aise sur scène.