C'est dans une ambiance feutrée de cabaret parisien que Forever Crazy, le spectacle hommage aux 60 ans du Crazy Horse, a plongé le Théâtre du Nouveau Monde hier soir. Les 10 sculpturales et sulfureuses danseuses de formation classique ont en effet hypnotisé le public pendant près d'une heure et demie dans leur écrin déposé sur les planches de l'établissement montréalais.

God save our bareskin, un numéro dans la pure tradition de la maison parisienne de l'avenue George V, mettant en vedette l'armée Érotika, a donné le coup d'envoi du spectacle, tout de suite suivi d'une leçon d'érotisme dédiée aux femmes de la salle par Lila Magnetic, qui effeuille langoureusement ses dessous affriolants sur un canapé en forme de bouche. Petit bémol concernant l'utilisation du lipsynch qui n'apporte rien et finit par agacer. Bien dommage, car l'expression et le langage corporel de la danseuse en disent déjà bien assez!

Un numéro sublime

Le ton est donné et on passe à Peek a Boo, où les filles masquées, habillées d'un simple voile, dansent au milieu de la fumée. Puis, Loa Vahina transporte le public, sur une projection d'imprimé léopard; la féline danseuse se déhanche derrière les barreaux d'une cage dont elle veut s'échapper. Un numéro sublime tant au niveau technique qu'esthétique sur un air de samba, entièrement sur pointe

Dans Legmania, on découvre ensuite sept interminables paires de jambes sur un rythme électro. Le spectacle se poursuit avec Scanner et Final Fantasy, notre coup de coeur de la soirée, interprété par Daizy Blu. La danseuse exécute un véritable numéro d'acrobate, suspendue dans les airs par des cordes qui l'entourent dans un nuage de fumée. On flirte un peu avec le sadomaso, entre douleur et plaisir.

La seconde partie de Forever Crazy s'amorce avec Upside Down, un kaléidoscope à l'envers avec un astucieux jeu de miroirs sur une langoureuse interprétation de Toxic de Britney Spears. Puis le Crazy Horse apporte sa touche personnelle à la crise économique avec un solo où une femme d'affaires se déshabille à son bureau sur fond de courbes négatives de marchés financiers.

Purple Underground, un numéro autour de chaises en néon rouge est ensuite suivi par la performance de Xavier Mortimer, l'artiste invité dont le numéro de magie détonne complètement avec l'ambiance du Crazy et nous sort complètement (et avec regret) de l'ambiance créée par les filles.

La grande finale

Baby Buns et Good Girl s'enchaînent avant la grande finale You Turn Me On, où toutes les danseuses sont réunies pour un ultime numéro.

Forever Crazy est une succession de tableaux artistiques sensuels sublimés par un choix de musique audacieux et des projections de lumières efficaces. Dix danseuses de talent dont la solide performance fait en sorte que le spectacle n'est jamais vulgaire, mais toujours sensuel. Un beau spectacle à voir en solo ou entre adultes consentants, mais surtout, bien accompagné.