La Presse est allée à La Ronde avec Arturo Brachetti, lundi. Grand amateur de manèges, le transformiste s'est amusé dans le Monstre, le Toboggan nordique et la Pitoune avant de gagner la compétition de pistolets à eau! Il nous a parlé de son amour du jeu et, bien sûr, de son spectacle Arturo Brachetti fait son cinéma, qu'il présente dès ce soir à Montréal et pour trois mois au Québec.

Il était déjà venu une fois à La Ronde, il y a quelques années. Normal: les manèges sont sa cour de jeux. Pourtant, enfant, il n'y allait que très rarement. «On était pauvres, dit Arturo Brachetti. On n'allait qu'une fois par an au cinéma. Je me souviens de la fois où j'ai vu Mary Poppins. Mon père travaillait chez Fiat; on n'allait qu'une seule fois aux manèges pendant la période de Noël. C'était organisé par l'entreprise, et c'est tout. «

Il avait 28 ans quand il est allé à Disneyland pour la première fois. «J'étais tout seul. Je réalisais mon grand rêve.» Depuis, il ne cesse de fréquenter les parcs d'attractions. Au début du mois, il a passé une journée dans un parc similaire à La Ronde, près de chez lui, au lac de Garde, en Italie.

«J'y vais très souvent, dit-il. J'amène mes amis et mon neveu. J'y suis allé tellement souvent que ç'a même un peu perdu de son charme. Mais j'aime vivre l'innocence que je n'ai plus à travers les yeux des autres. Comme un vampire! Je me nourris du plaisir des autres ou en faisant rêver les autres. Je connais trop l'envers du décor.»

Cet envers du décor, il l'a découvert en 1994, quand il a travaillé deux semaines à Disneyland France, déguisé en elfe. Le plaisir a alors un peu perdu de sa magie. «Je me suis rendu compte que Mickey Mouse était un travesti! Moche en plus! C'était toute une déception. En plus, elle avait une voix à faire peur!»

C'est quand il est allé au séminaire, à 11 ans, qu'il s'est découvert une passion pour la magie et le jeu: «En même temps, je suis sorti de ma timidité», se rappelle-t-il.

Arturo Brachetti est heureux de rester au Québec pendant trois mois. Après les trois représentations d'Arturo Brachetti fait son cinéma à Montréal, il part en tournée jusqu'à la fin du mois de septembre d'un bout à l'autre de la province, pour un total de 40 spectacles.

Aux puces

Quand il ne se produit pas, il se divertit. Il adore le cinéma. À peine arrivé à Dorval dimanche avec sa troupe de 12 personnes, il est allé voir The Amazing Spider-Man. Il aime aussi beaucoup le théâtre et la comédie musicale. Brachetti a d'ailleurs assisté à la première de Chantons sous la pluie, lundi. Il aime aussi aller fouiner au marché aux puces Saint-Michel.

«J'y achète toujours plein de trucs, tellement que je viens avec une valise vide, car je sais que je vais la remplir! J'y ai trouvé une lanterne magique, des vêtements, des jouets robotisés des années 60 à des prix incroyables, des objets qui vont s'ajouter dans ma chambre de la magie, chez moi.»

Sa résidence de Turin est une vraie maison magique avec de faux murs, des trompe-l'oeil, un téléphone en forme de bouteille de ketchup, une lampe en forme de téléphone, un réfrigérateur en forme d'armoire et trois salles de bains, dont une est décorée à la façon Keith Haring.

Arturo Brachetti aime jouer avec la vie. Il faut le voir au tir au pistolet à eau, remportant la compétition contre cinq adolescents! «Ça m'a donné trois secondes de jeunesse! C'est quand même beaucoup: je suis trois secondes plus jeune!», affirme-t-il.

Art de vivre

Le jeu est son art de vivre. En Italie, il se déguise pour ne pas être reconnu dans la rue, notamment en prêtre avec une perruque, des lunettes et une soutane noire. Il se promène ainsi avec sa meilleure amie déguisée en nonne: «Je suis alors Don Lorenzo!»

Ce soir, il se déguisera encore pour présenter les grands classiques du cinéma d'Hollywood, auxquels il a ajouté des personnages de son enfance comme Mary Poppins, Spider-Man, Lawrence d'Arabie ou Zorro, ainsi que des figures du cinéma d'horreur comme Nosferatu ou l'Exorciste.

Tout en faisant sa tournée au Québec, cet artiste qui n'arrête jamais - il n'est chez lui que trois mois par année - prépare ses futures apparitions. Il travaille sur un numéro dans lequel il dessinera avec du sable, et il ambitionne de lancer un nouveau spectacle de music-hall avec 30 artistes sur scène.

«J'espère pouvoir le présenter à Paris l'an prochain», dit-il, avant de nous laisser sa carte de visite, sur laquelle il est habillé en bonne soeur qui lève les yeux au ciel...

Arturo Brachetti fait son cinéma, les 12 et 13 juillet à Montréal, et du 17 au 21 juillet à Québec.