Si les artistes ne meurent jamais, pour certains, en tout cas, le temps ne fait guère injure. C'est le cas d'Arturo Brachetti, qui présentera son spectacle Arturo fait son cinéma! en tournée au Québec l'été prochain, à l'occasion des 30 ans du Festival Juste pour rire, et avant de jouer à New York pour la première fois.

Il a beau avoir 54 ans, Arturo Brachetti, star italienne de la métamorphose, ne change pas. Il a toujours le visage aussi enfantin que son ouverture d'esprit. Sa maison de Turin est un parc d'attractions où les murs, magiques, se déplacent. Et il ne se lasse pas d'inventer mille facéties pour faire croire que son art de la transformation est aisé.

Mais le champion du changement de costumes en une poignée de secondes n'est pas un magicien: derrière «le truc», il y a une «organisation», du travail et une forme exemplaire.

«Je dois faire du gym et du régime! dit-il en entrevue. J'ai été opéré aux deux genoux. Trois jours après, j'étais sur scène, car le théâtre était plein...»

Hommage au cinéma

Serge Denoncourt met en scène Arturo fait son cinéma! Il est à l'origine du succès de Brachetti au tournant du siècle. Il avait mis en scène L'homme aux mille visages en 1999 à Juste pour rire. Ce premier spectacle d'Arturo Brachetti a par la suite connu un succès mondial.

Pour Arturo fait son cinéma!, le transformiste fait 80 changements de costumes en revêtant les atours de personnages du cinéma, de Zorro à Mary Poppins en passant par Shrek, Dracula, le pirate des Caraïbes ou King Kong.

«On passe de la préhistoire à la science-fiction, de la religion à la fantaisie, et cela me permet de faire des personnages que tout le monde reconnaît rapidement, dit-il. Les cinéphiles reconnaîtront les films et les situations, notamment quand Judy Garland se déshabille et devient Lisa Minnelli, sa fille.»

Mais son spectacle touche tout le monde. Les spectateurs redeviennent des enfants durant 1h30. «Mon neveu de 5 ans est resté 90 minutes debout à me regarder, dit-il. Ce spectacle est mon psychodrame. Je suis un peu comme Peter Pan qui ne veut pas vieillir, qui veut être androgyne et magique. C'est la force du spectacle.»

Bien qu'il fasse de la scène depuis 34 ans, il y trouve le même plaisir. Quand il ne joue pas, il se sent «comme un cactus». «Je connais l'envers du décor, dit-il. Je vis, comme un vampire, l'émerveillement des autres, mais, quand les gens sont stupéfiés, je suis content. Je me mire dans leur émotion. À la fin, je suis épuisé mais plein.»

Jusqu'à quand peut-on faire du transformisme à ce rythme? «Jusqu'à ce qu'on soit présentable, dit-il. Avant de devenir pathétique. Marcel Marceau a été sur scène jusqu'à 75 ans. Le spectacle est ma façon d'exister.»

Arturo fait son cinéma!, du 11 et 13 juillet à Montréal. Info: www.brachettiquebec.com.