Les nombreux changements apportés à la programmation du 29e Festival Juste pour rire ont porté fruit, se réjouissent les organisateurs de cette grande fête de l'humour, qui ont néanmoins déjà les yeux tournés vers le 30e anniversaire de l'événement.

Cette année, le festival a réussi son déménagement dans un quartier des spectacles qui, bien que toujours passablement défiguré, a attiré son lot de spectateurs.

Le festival a également réinvesti les rues de la métropole. Le volet extérieur a remis les grands spectacles extérieurs d'humour au goût du jour - Rachid Badouri aurait attiré à lui seul environ 100 000 spectateurs, selon les organisateurs.

En somme, les risques ont été payants, a fait valoir le président des festivals et de la télévision du Groupe Juste pour rire, Andy Nulman, qui dit ne pas avoir hésité à brasser la cage lorsqu'il a réintégré l'équipe du festival après une absence de 11 ans.

«Parfois, les pires «ennemis» sont les gens à l'intérieur, parce qu'ils ont fait les choses de la même façon pendant des années (...) C'est difficile de mettre les changements en place.»

Les données définitives quant à l'affluence et à l'aspect budgétaire n'ont pas été fournies lors de la conférence de presse, lundi, mais le bilan dressé par les organisateurs est fort positif.

Certaines améliorations sont envisagées pour le prochain festival. D'abord, la durée des galas en salles sera revue, a annoncé le producteur au contenu des galas Juste pour rire, Nicolas Boucher. Le prix des billets pour ces spectacles sera également revu à la baisse, contrairement au nombre de représentations, que l'on souhaite plus nombreuses.

Évidemment, les organisateurs espèrent également que l'emplacement sera prêt à temps, a lancé Andy Nulman, à moitié sérieux.

«Si la Ville avait une équipe comme Juste pour rire, probablement qu'on ne rirait pas de la rue Ste-Catherine. On rirait sur la rue Ste-Catherine», a blagué Nicolas Boucher lorsqu'il a remercié l'équipe technique du festival.

Pour le 30e anniversaire, l'an prochain, l'objectif avoué est de permettre au Festival Juste pour rire de retrouver son côté espiègle et parfois grinçant.

«On veut être l'enfant terrible des festivals, ce qu'on n'était plus depuis trois, quatre ou cinq ans. Nous étions devenus un festival parmi tant d'autres, avance M. Boucher. On veut s'approcher un peu de l'esprit du Zoofest.»

Le succès de ce nouveau «bébé» du Festival Juste pour rire, le Zoofest, a été fracassant. Par rapport à l'an dernier, le nombre de festivaliers a bondi de 60 pour cent, passant de 30 000 à 50 000. L'offre de spectacles a doublé et les ventes de billets («Zoopass») ont grimpé de 78 pour cent.

«Pour Zoofest, c'est une année de croissance, mais c'est aussi une année où l'événement prend réellement sa place», estime le directeur de la programmation francophone du Festival Juste pour rire et de Zoofest, Martin Durocher.

Juste pour rire 3.0

Le 30e anniversaire sera l'occasion de «reformater» l'événement, ont d'ores et déjà annoncé les organisateurs, sans toutefois vouloir révéler ce qu'ils mijotent en vue de cette étape importante.

«On ne se contentera pas de fêter nos trois décennies. Ce sera le temps de faire un virage important», soutient Andy Nulman en insistant sur l'importance de s'adapter à la technologie. Lors de la conférence de presse, il ira même jusqu'à baptiser le 30e Festival «l'édition 3.0».

Pas question, cependant, d'avoir recours de façon démesurée à la diffusion d'événements en lecture continue. Cette pratique, de plus en plus prisée par les organisateurs des grands festivals musicaux comme Lollapalooza et Bonnaroo, ne peut être utilisée à toutes les sauces, prévient M. Nulman.

«Il y a une place pour ça dans un événement, mais cet événement ne peut exister seulement sur les écrans. On doit amener les gens ici afin qu'ils participent. Il n'est pas question que les gens ne se présentent pas aux galas ou aux grands événements sous prétexte que c'est diffusé en direct», lance Andy Nulman.

«Alors je dis oui à la webdiffusion, mais pas pour tout», conclut-il.

Juste pour rire avec Québec

En attendant, l'équipe des galas planche sur un projet intitulé «Juste pour rire avec», a confirmé le producteur au contenu des galas , Nicolas Boucher

«C'est un genre de bien cuit que l'on fait dans différentes villes, avec un gala sur scène, des numéros qui parlent de la ville et des capsules Les gags qui seront tournées dans la ville», a-t-il relaté.

La production débutera cet automne dans la ville de Québec, a fini par reconnaître Nicolas Boucher, qui avait préféré demeurer muet à ce sujet lors de la conférence de presse.