Qu'il est difficile de vivre (et d'en rire), en ce siècle. Et la dépression, on le sait, est le mal de notre époque. L'humoriste Laurent Paquin en fait le thème de son gala de 3h30 (avec entracte), une soirée qui a rallié le public de la salle Wilfrid-Pelletier autour des habituels thèmes rassembleurs : le manque de stationnement à Montréal, le sexe, la garde partagée...

Rien de bien révolutionnaire ou de surprenant, dans cette soirée où les routiers d'expérience (Marc Dupré, François Morency, Jean-Thomas Jobin...) ont partagé la scène avec des nouveaux venus (Alex Roy, Pierre Bruneau-Rivard et le comédien Emmanuel Bilodeau.)

Dans un numéro bilingue où, de digressions en parenthèses, il a tenté d'apporter une certaine réflexion sociale et politique sur l'absence de projets communs chez les Québécois, Bilodeau a apporté intelligence et finesse à cette longue parade de l'anecdotique.

Laurent Paquin n'a pas déçu ses fans, en se montrant alerte et allumé, dans son animation où il a aligné les blagues sur l'ampleur de son abdomen, les effets secondaires des antidépresseurs et des avancées de la pharmacopée pour améliorer l'érection.

Le premier invité en piste, Réjean de Terrebonne (Jean-Claude Gélinas), a entraîné le public dans son humour de « gars chaud » vieux jeu, où les coups bas les plus salaces sont permis, sous prétexte qu'il est un « farfadet. » Jean-Thomas Jobin a un peu élevé le niveau, avec une histoire de coup de foudre sur une piste de jogging, jouant avec l'absurde et l'enfantin.

Un passage des Chick and Swell a rafraîchi l'air de cette première partie, qui a été avantageusement marquée par un monologue où Alex Perron a raconté l'histoire de son coming out à l'adolescence et offert sa gratitude à Claire Lamarche.

En seconde partie, le gala s'est hélas égaré dans des numéros trop longs et même un « break syndical » inutile où Paquin a échangé des blagues qui tombaient à plat avec Stéphane Fallu, l'auteur Simon Cohen et le metteur en scène Sylvain Larocque. Dans une maison à six fenêtres, Paquin a joué au téléphone avec Jean-Marc Chaput, Louise Deschâtelets, André Ducharme, Jean-François Mercier, les Chicks and Swell, Marie-Lise Pilotte et Réal Béland, un numéro au potentiel comique certain, qui n'a que tourné en rond, se complaisant dans les zones de confort de chacun.

Le jeune Alex Roy, dans une histoire « vraie » de garde partagée avortée par un test de paternité assassin, a rallié la foule à sa cause, traitant au passage son ex de « pute. » Geneviève Gagnon, faisant le récit de la garde « une semaine sur deux » d'un ado, s'est convenablement tirée d'affaires.

Dans un numéro bien écrit, le tout jeune Pierre Bruneau-Rivard a fait sourire en narrant l'histoire de sa complicité avec sa grand-mère et de sa nouvelle sobriété. L'éclaté François Bellefeuille, avec sa tête de fou furieux et son humour champ gauche, a été ovationné par la foule ravie. Marc Dupré est allé dans des valeurs sûres- les émissions de déco, les enfants, les relations de couple- pour gagner l'affection des spectateurs.

Beaucoup de futilités mais une lourdeur certaine, dans ce gala « Vive la dépression » dopé à la volonté de divertir, où la légèreté et l'esprit sont les grands absents.



Gala Vive la dépression, de Laurent Paquin, à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts.