Ils sont nombreux à se demander pourquoi le duo Sèxe Illégal n'a pas remporté le dernier concours d'En route vers mon premier gala au Canal Vox. C'est peut-être que le Québec n'est pas prêt pour ces deux personnages, même si eux sont prêts pour le Québec... Parce qu'ils ne s'en cachent pas: ils sont fait pour l'argent, la gloire et la jungle. Dealez avec!

Une entrevue à 10h le matin, c'est tôt pour le duo Sèxe Illégal, formé de Paul Sèxe et Tony Légal, créatures nocturnes. Est-ce ce qui explique le port des lunettes de soleil pendant toute la durée de cette entrevue? En fait, pendant toute la durée de cette entrevue, les deux gars ne sortiront pas de leurs personnages, une espèce de mélange entre les Denis Drolet, les Frères Brosse et les Blues Brothers. C'est à prendre ou à laisser, comme le veut leur slogan, qu'ils parsèment à la fin de bien des gags, en passe d'entrer dans le vocabulaire courant: «Deal avec!»

Ils répètent pourtant sans arrêt qu'ils ne font pas de l'humour. «Parce que l'humour est un art qui se meurt et que ça fait un hostie de bout de temps qu'on n'a pas ri», lance Tony Légal, avec la dégaine des rock stars qui deviennent insupportables précisément en présence des médias. «Mais le monde de l'humour nous a adopté malgré tout. Comme si on avait été gentils avec eux! Ce qui montre à quel point c'est pas vite, ce monde-là!»

S'ils ne font pas d'humour, ils font de la musique. De»l'électro-blues-accoustique-folk-malaise», selon Paul Sèxe. Ça donne des succès comme Bowser ou Cool-Aids, un hommage à Freddy Mercury... et au sida. «C'était le seul qui pouvait rocker avec une moustache et des collants», estime Tony Légal.

D'ailleurs, Sèxe Illégal, des petits gars indéfectiblement attachés à leur quartier Villeray, est un groupe engagé qui se soucie des problèmes de la société, comme la pauvreté. «C'est une maladie qui nous touche beaucoup, confie Tony. On donne à plusieurs organismes, comme la STM et le BIXI. Les pauvres, c'est international aussi, on leur doit un peu quelque chose, parce que s'ils n'étaient pas là, on ne serait pas riches. Vaut mieux être du bord de ceux qui n'ont rien à perdre, surtout s'ils sont plus nombreux.»

Les deux gars, admirateurs de Syd Barrett, Harry Nilsson, Roy Orbison et Van Morrison, affirment avoir créé le blues-techno, un style où «Keith Richards rencontre Moby». Ils croient toujours au rock'n'roll, même s'il a été très mal représenté dans les dernières années, particulièrement au Québec. «On va pas me faire croire qu'Éric Lapointe fait du rock, dit Tony. Il ne boit plus, mais ça n'a rien changé, c'était pas ça, le problème. Tu ne peux pas rocker au jour de l'An, à la fête des Mères pis à la Saint-Valentin. Et puis, Alpha Rococo, c'est non. On se tue à le dire: C'EST NON! Arrêtez d'écouter ça!»

Irrémédiablement soudés, ils sont très méfiants des groupies qui pourrait briser leur duo, comme c'est arrivé souvent dans l'histoire du rock. «On a reviré plusieurs Yoko Ono, avoue Paul. D'ailleurs, on ne sort pas avec de l'asiatique. Dites-leur d'arrêter de s'essayer sur nous autres.»

La fin de l'amour

Même s'ils sont extrêmement secrets sur leur vie privée, on a quand même découvert qu'ils avaient fait l'École nationale de l'humour. Paul Sèxe en garde un bon souvenir, particulièrement de Louise Richer, la directrice, qu'il trouve très «tantrique». «Elle donne beaucoup d'occasions à des gens peu connus de payer 14 000$ pour ne pas être plus connus. C'est pas tout le monde qui te donne cette chance. L'École nationale de l'humour, ça détruit des rêves, et on est pour ça.»

Pour Tony Légal, pas de pitié, il est temps de tourner la page dans le monde de l'humour. «Pas juste la page, le livre au complet. Il est plate, le livre. La complaisance dans le milieu, ça commence à faire, crisse! Ils ont créé quelque chose il y a 25 ans, ils se tiennent ensemble, se donnent des tapes sur l'épaule, vont à Tout le monde en parle, ils s'aiment tous... On va casser ça, ce niaisage-là. Quand y'a juste de l'amour, c'est qu'il n'y en a plus d'amour!»

«Il va falloir que ça redevienne une jungle, renchérit Paul Sèxe. Parce qu'il n'y a plus aucune sélection naturelle. Les faibles passent et les forts s'endorment. C'est pas une jungle, c'est un biodôme et c'est pas normal!»

Qu'à cela ne tienne, ils font cinq soirs aux Katacombes pendant le Zoofest. «C'est pas compliqué, on fait une faveur à Montréal, dit Tony. On est en tournée mondiale, et Paul voulait manger chez Schwartz's. Ils nout ont gossé pour qu'on aide le Zoofest. C'est pas mal la dernière fois que vous allez pouvoir payer 25$ pour voir Sèxe Illégal.»

Des artistes torturés, Sèxe Illégal? «Non, mais on aime ça, torturer les autres, répond Tony. Ils le méritent amplement pour le monde de marde qu'ils ont créé. Il ne faut pas que tu les aimes, il faut que tu les haïssent... Et ils reviennent.»

Maintenant... Dealez avec!

Sèxe Illégal, du 16 au 20 juillet, à 22h aux Katacombes. www.zoofest.com