Peut-on bâtir une relation sincère avec un parfait inconnu en moins de 30 minutes? C'est la question à laquelle Internal tente de répondre.

L'expérience se vit en groupe de cinq personnes toutes majeures et consentantes. Il est préférable de venir entre amis pour pouvoir échanger après coup, et il est beaucoup moins conseillé de venir en couple, sauf si vous voulez tester les limites de celui-ci.

L'expérience débute par la rencontre des cinq spectateurs avec cinq comédiens, dans la plus stricte intimité d'une salle obscure. Après de longs échanges de regards avec les spectateurs, chaque comédien va choisir son «âme soeur» pour l'emmener dans une petite cabine éclairée à la bougie, le temps d'un tête-à-tête bien arrosé. Le jeu de séduction peut alors commencer et aller aussi loin que vous voudrez bien le laisser progresser. Le comédien vous questionne, vous touche, vous observe, vous séduit et tente de cerner les limites qu'il peut atteindre. Ce qui a commencé par une poignée de main peut en effet rapidement glisser en moins de 25 minutes vers un baiser d'adieu. Les 10 participants se retrouvent ensuite en cercle pour une thérapie de groupe. Ce qui s'est passé dans la cabine est alors révélé, ainsi que ce qui est ressorti de votre conversation avec votre mystérieux inconnu.

Un jeu

Après avoir vécu l'expérience Internal, La Presse a rencontré les cinq comédiens en question. Et non, malgré ce que certains pourront (en toute légitimité) penser en sortant de la petite pièce sombre, aucun d'entre eux n'est réellement tombé sous le charme.

«Nous sommes un groupe qui cherche de nouvelles manières d'interagir avec le public. De nos jours, les gens disent que les relations interpersonnelles sont difficiles, particulièrement avec l'internet. Nous voulions montrer qu'on pouvait facilement bâtir une vraie relation entre deux personnes en un minimum de temps. On a voulu voir jusqu'où cette relation pouvait aller en moins de 30 minutes et à quel point on pouvait créer un lien de confiance. Quand on a débuté, j'ai été très impressionné», explique Alexander, directeur artistique de la troupe belge.

«On a une équipe de 10 comédiens qui peuvent jouer dans l'expérience. Chaque cabine est créée en fonction d'un personnage. Il y a par exemple le séducteur, la jeune femme à la recherche du bonheur, le personnage plus sombre qui va aller chercher au plus profond de vous et la femme fatale qui n'a pas besoin de parler pour vous séduire. Chaque comédien s'adapte en fonction de la personne qu'il a en avant de lui. Cela fait longtemps qu'on fait cette expérience et les comédiens ont acquis une expertise dans la façon dont vont réagir les gens qui sont devant eux. Ils choisissent la personne à qui ils vont faire vivre l'expérience en fonction de cela. Tout dépend de jusqu'où le spectateur veut aller. La première fois qu'on a joué en Belgique, un couple s'est séparé. Le spectacle avait été une sorte de catalyseur de leurs problèmes. Le plus important est de savoir faire la différence entre la fiction et la réalité», ajoute-t-il.

Si l'on se sent à certains moments comme sur le fauteuil de son psychanalyste, on est surtout désemparé et désorienté au cours de l'expérience. Une chose est sûre, on n'est jamais vraiment certain en ressortant d'Internal de qui, du comédien ou du public, a vraiment le plus joué le jeu.

Internal, jusqu'au 31 juillet au Monument-National. www.hahaha.com