Présenté demain et vendredi au Club Soda, dans le cadre de Zoofest, le spectacle des diplômés de l'École nationale de l'humour démontre que l'humour qui fait mouche est affaire d'écriture. Et sur ce point, la cuvée 2011 est un bon millésime.

Mis en scène par Louis Champagne et Yves Dagenais, ce spectacle que La Presse a vu en mai est la démonstration que l'École est vraiment une école, car l'humour, ça s'apprend et ce n'est pas facile.

La plus belle illustration de cet enseignement est la performance de Dominique Bottex-Ferragne. L'humoriste de 25 ans - que l'on avait vu moins percutant l'an dernier - fait un numéro très solide. Dans Chérie cocotte, il raconte son expérience de vendeur à la SAQ et sa relation avec une femme haïtienne qui vient quémander régulièrement quelques sous à sa succursale. Son numéro fait montre de poésie, d'humanisme et de respect de ses racines créoles. On note son grand talent de conteur, d'imitateur et son aisance sur scène.

Autre jeune humoriste qui se démarque, Gabriel D'Almeida Freitas fait le clown, le mime et le danseur, et enchante l'assistance du début à la fin de son numéro. Un mélange de genres intitulé Hein!... fallait un titre? qui correspond à la panoplie de talents de cet humoriste, digne héritier de Jerry Lewis. Homme caoutchouc remuant comme dans un dessin animé, il a un potentiel énorme. Il ne lui reste qu'à ajuster le contenu de son numéro, qui n'a pas la puissance de son interprétation physique.

Émilie Bolduc réussit aussi son baptême des planches montréalaises. Avec Mythologiquement banal, elle aborde l'humour en tragédienne frustrée d'être de Sainte-Foy plutôt que de Sparte! Très expressive et déclamant un texte savoureux avec l'éloquence du théâtre grec, l'humoriste démontre beaucoup de maturité. L'avenir devrait briller pour elle.

Avec Y faut pas se fier aux apparences!, sa collègue Maude Morissette joue une blonde «full sociable». La jeune humoriste génère très vite des rires grâce à une composition faisant appel à ses souvenirs de jeunesse, qu'elle raconte avec tendresse et beaucoup d'aplomb. Très doué comme maître de cérémonie, Phil Roy construit un personnage qui fait parfois penser, dans sa démesure, à Paul Buissonneau. Mais à parler trop vite, on en perd quelques bouts... De son côté, Pascal Cameron évoque son boulot d'employé à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Sympathique et léger.

Avec Annie Deschamps, on passe un bon moment à découvrir sa belle-mère mexicaine, Pepita «la suegra». Histoire de famille et de cultures. Frédérick Rouleau, doyenne de la troupe, offre un texte complexe qu'elle débite à grande vitesse. Un numéro difficile, mais rendu avec brio. Jean-Christophe Surette joue le rôle d'un loser acadien qui ne se fâche jamais. Mignon. Enfin, Michel-Anthony Schmit-Craan raconte sa rencontre avec un ours pour ses 24 ans: une belle gestuelle, mais un texte retravaillé ferait la différence entre l'agréable et le tordant.

Bref, on passe un bon moment avec ces jeunes de la relève.

La tournée des finissants 2011 au Club Soda demain et vendredi, 20h.